Piège à mouches Téphritidées

Introduction au piègeage


Piège OLIPE 1.2 terminé et accroché (Oliveraie Gervais, Claret, 2017)

L’utilisation de pièges est écologique et son efficacité est contestée par tous ceux qui veulent des résultats immédiats et déversent des pesticides sur leurs oliveraies.

La fabrication d’un piège à mouches de l’olive (ou à mouche des fruits) est une opération simple. Le modèle que nous vous proposons de confectionner vous-même est le piège à attractif alimentaire connu sous le nom de piège OLIPE © (mis au point en Espagne par la Cooperativa Olivarera Los Pedroches, province de Cordoue). Ce piège a été utilisé dans de grandes oliveraies pour une action massive. Le prix de revient de ce piège est de quelques centimes d’euros. Le modèle original a été amélioré par l’introduction d’un apport coloré, le jaune et le déplacement des trous d’entrée destinés aux insectes.

 C’est la version 1.2 car il y en a eu des précédentes sans couleur jaune. Celle-ci est très efficace comme nous allons le voir ci-après.

1 – Principes de fonctionnement

Le fonctionnement repose sur trois principes :

  • l’attraction visuelle due à la couleur jaune dont l’effet agit sur la mouche de l’olive dans un rayon d’environ 300 m (action à distance, cette couleur agit aussi sur des mouches d’espèces voisines comme la mouche méditerranéenne des fruits.),
  • l’attraction olfactive simulant une source de protéines qui amène l’insecte prédateur à entrer dans le piège par des trous de 5 mm de diamètre (odeurs d’ammoniaque ou de charognes en putréfaction),
  • une enceinte constituée par une bouteille d’eaux minérales en PVC récupérée après consommation du contenu, munie de son bouchon (le plastique doit être sans aucune coloration, notamment le bleu qui éloigne les mouches par répulsion). La bouteille est percée à mi-hauteur de trous de 5 mm de diamètre (ce diamètre doit éviter l’entrée d’autres insectes carnivores, auxiliaires utiles comme Chrysoperla carnea). La coloration verte ou jaune de certains bouteilles teintées dans la masse, est un atout).

Enlever les étiquettes des bouteilles.

2 – Etapes de la construction

2.1 – Perçage de la bouteille

Prendre un clou ou une tige métallique pointue de 5 mm de diamètre emmanchée ou tenue par une pince étau. La chauffer à l’aide d’une lampe à souder sans la faire rougir. A mi hauteur de la bouteille, percer tout autour cinq trous de 5 mm de diamètre.

2.2 – Coloration jaune

Découper dans des rouleaux de plastique adhésif domestique jaune (garniture de placards disponible dans les rayons drogueries des super-marchés) des bandes de 10 cm de hauteur et de longueur la circonférence de la bouteille moins 1 cm (environ 27 cm). La bande doit laisser une bande de 1cm non recouvert qui va servir à jauger le contenu de la bouteille. La bande doit arriver en dessous de la rangée de trous. Ce procédé de collage de bandes adhésives permet le maintien de la couleur intense et la réutilisation des bouteilles plus de deux ans.

2.3 – Attractif alimentaire

L’attractif est une solution de phosphate di-ammonique (DAP), une poudre blanche cristallisée semblable à du sucre. On le trouve chez des marchands de produits pour la viticulture, c’est un additif de fermentation qui active les levures du moût. Ce produit est soluble dans l’eau, non toxique à dissoudre dans de l’eau. La dose est de 40 g par litre, soit le contenu d’une grosse cuiller à soupe pour 75 cl d’eau (une demi-bouteille d’eau minèrale). Avec un entonnoir, verser jusqu’au niveau des trous.

Nous recommandons à ceux qui ont beaucoup de pièges à amorcer de confectionnes des bidons de 5 l avec 200 g de DAP.

2.4 – Autres attractifs possible

Il existe en jardineries des attractifs guêpes- mouches à base de farines végétales et animales qui sont utilisés avec des gobe-mouches. Le remplissage des bouteilles est délicat et salit les parois de la bouteille.

Il est possible d’utiliser des déchets de poisson (sardines en particulier) ou d’uriner dans les bouteilles. Nous déconseillons ces procédés efficaces, certes, mais dont la pollution olfactive n’est plus à démontrer.

2.5 – Dispositif d’accrochage des bouteilles

Il existe des rubans textiles élastiques dans les jardineries, rubans utilisés comme liens à tout usage. Couper un morceau ce 30 cm et y faire un noeud d’arrêt à chaque extrémité et un noeud coulant autour du col de la bouteille garnie de son contenu et de son bouchon. C’est simple et efficace.

Dans l’arbre, choisir une branche du côté du vent marin (sud ou sud est). Suspendre la bouteille à 7 cm environ en faisant deux tours autour de la branche et en pinçant une boucle du lien sous un tour. Le poids de la bouteille coince la boucle. Il suffit de tirer le nœud d’arrêt pour décrocher la bouteille en vue de son entretien de son remplissage ou de son remplacement.

Certains marques d’eaux minérales ont modifié le bouchage de leurs bouteilles dont le bouchon n’est plus à vis. D’autre part, le plastique du bouchon s’affaiblit par le perçage et le fil de fer proposé risque de traverser le bouchon qui se désagrège. Le lien avec un noeud coulant est plus simple, plus solide et plus rapide à réaliser.

3 – Stratégie de pose des pièges

3.1 – Date de pose des pièges

Il est recommandé de poser les pièges avant la mi-mai au plus tard. Il peut subsister des mouches de l’an dernier qui ont hiverné et échappé à l’hiver. Les nouvelles mouches émergent des pupes vers mi-mai, la date peut varier selon la température. Les mouches recherchent activement de la nourriture pour mûrir leurs cellules reproductrices (gamète : spermatozoïdes ou ovules, selon le sexe). Nous avons publié que les mouches de l’olive se nourrissent de toutes sortes de déjections d’oiseaux sur les branches d’oliviers, de jus de fumiers frais (à éviter dans vos oliveraies). Ces substances lui fournissent l’azote et les protéines dont elle a besoin en attendant de piquer des olives (en juillet) et d’absorber le jus des olives après y avoir percé un trou et pondu. D’avril à début juillet, elle recherche toutes les sources de protéines qu’elle peut lécher. Passé juillet, les pièges sont moins attractifs.

3.2 – Emplacement des pièges

3.2.1 –  Périphérie des oliveraies

Les pièges se placent, d’abord, en périphérie des oliveraies, sur les quatre côtés mais surtout vers le sud. Il faut un piège par arbre. On doit constituer un premier barrage d’arrêt.

3.2.2 – Intérieur de la plantation

Un arbre sur deux suffit. Les observations faites en Espagne (Andalousie et Catalogne) montrent que le piégeage massif fonctionne bien dans les grandes oliveraies de plus de 5.000 arbres. Plus la taille des vergers diminue, moins le piégeage semble efficace.

3.2.3 – Arbres isolés et petites plantations

Dans le cas d’un arbre isolé, il ne faut pas hésiter à poser quatre pièges, un à chaque point cardinal.

Dans le cas de deux arbres proches (pas moins de 4 m de distance), poser 6 pièges. La partie “intérieure” pourra être dépourvue de pièges.

Dans les petites plantations, ne pas hésiter à créer une barrière externe et à garnir chaque arbre de son piège. A partir d’une centaine d’arbres, on peut garnir un arbre sur deux dans les rangées intérieures.

Cette stratégie est valable aussi pour les pièges fonctionnant à sec (piège CONETRAP de PROBODELT© ).

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Piège à sec CONETRAP de PRBODELT ©

4 – Autres mouches téphritidées

L’hebdomadaire “RUSTICA (n° 2534 du 20-26 juillet 2018, page 21) traite d’un autre « volatile » (sic), la mouche méditerranéenne des fruits ou Cératite (Ceratitis capitata Wiedeman 1826) et de son piégeage à base de phosphate di-ammonique. Rustica propose de piège “InsectOsphère“. Le prix de 8 € les deux sachets de DAP nous semble exagéré. Pour ce prix là, vous avez un sachet de 1 kg en jardinerie. Garanti pur.