La mouche de l’Olive : vulnérabilités


Mâle

La mouche de l’Olive (rappels)

La mouche de l’Olive (Bactrcera olea (Rossi, 1790)) est un moucheron de 4 à 5 mm de longueur. L’abdomen est de couleur orangé avec deux striures noires. Les ailes sont transparentes, sauf une tache noire à chaque extrémité. Le dessus du thorax porte une tache argentée entre les deux implantations d’ailes.

Femelle

Remerciements

Merci à mon ami et collègue Jean Lecomte Ingénieur de recherches du CNRS et photographe scientifique hors-pair. Je recommande son ouvrage « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive » (Edisud, 2015).

La lutte contre la Mouche de l’Olive (cliquez sur ce lien pour télécharger la présentation faite en 2011) n’est pas l’affaire d’une recette de cuisine du style « Je fais 3 diméthotates par an.» ! D’abord, le diméthoate a été interdit en 2016 et pourquoi 3 fois par an ? La nouvelle législation mise en place au début de 2019 restreint encore plus l’usage des pesticides qui sont désormais interdits aux particuliers (sauf le cuivre sous forme de bouillie bordelaise) et sévèrement réservés aux seuls professionnels titulaires du certiphyto.

Pour lutter efficacement, il faut connaître le cycle de la Mouche et savoir quand elle est vulnérable et à quoi :

  • sous forme de larve (asticot dans l’olive), traitement larvicide
  •  sous forme de nymphe (pupe) dans le sol ou dans l’olive, traitement pupicide,
  • sous forme d’adulte, traitement adulticide.

Revenons au cycle de la mouche et à sa biologie (ci-dessous).


Cycle de la Mouche de l’Olive (FREDON)

Nous empruntons ce cycle biologique de la Mouche de l’Olive. Nous partons de la larve (en haut de la figure). Le stade larvaire est un stade vulnérable. Il provient d’une ponte d’adultes après fécondation d’une femelle (200 oeufs potentiels).

1 – Traitement larvicide

Nous sommes pour la prévention des pontes, c’est à dire pour la destruction des jeunes adultes, avant que les femelles puissent pondre dans les olives. Un traitement au cuivre 1/2 dose fin juin-début juillet va déposer une couche d’ions cuivre sur le fruit. En pondant, l’ovipositeur de la femelle traverse la couche d’ions cuivre qui stérilise le capuchon bactérien déposé sur l’oeuf. Le ver va être privé de ses symbiotes et ne pourra digérer la cellulose du fruit qu’il ronge. Il dépérit et meurt.

2 – Traitement  pupicide

La pupe est un cocon blindé imperméable aux pesticides. Cependant, la pupe dans le sol est vulnérable aux gallinacés (poules domestiques et naines, faisans, perdrix, …) qui grattent le sol. Les mycéliums de champignons qui vivent sous les oliviers sont capables d’attaquer la paroi des pupes et d’en digérer le contenu. Les coléoptères carabiques et les staphylins fouillent la terre et dévorent les pupes.

Enfin, les anciens grattaient, griffaient le sol sous les frondaisons pour exposer les pupes au froid de l’hiver. A zéro degré, les pupes meurent. Entre 0 et 6°C la survie des pupes est réduite.

3 – Traitement adulticide

C’est le principal moyen de lutte contre les adultes : la destruction par les pièges.

3.1 – Piégeage

Plaques engluées

Il a été établi que les mouches de l’olive, comme de nombreux diptères, sont attirés par la couleur jaune. Des sociétés commerciales ont mis sur le marché des plaques jaunes enduites de glu. Pour augmenter le pouvoir attractif de ces gluaux, on place une capsule de phéromone (hormone femelle). Ces pièges vont surtout capturer des mâles mais aussi des oiseaux, d’où leur qualification  de gluaux. Une variante, les tuyaux plastiques contenant des attractifs alimentaires.

 


Piège OLIPE à bande jaune (Oliveraie Gervais, Claret, Printemps 2016)

Piège Olipe

Ce piège espagnol a été inventé par la « Cooperativa Olivarera “Los Pedroches” » d’où son nom « OLIPE »©.  Il a été introduit en 2009 à la Coopérative Oléicole de Pignan (Hérault) puis perfectionné. La dernière version est celle du printemps 2016.

La fiche technique est téléchargeable ici ou dans le section téléchargements (sous licence CECILL). Ces pièges sont également vendus tout prêts en Espagne. Il faut les préparer et les suspendre maintenant, pour être sûrs de détruire la première génération de mouches, celle qui doit se nourrir en attendant le grossissement des olives finjuin-début juillet (olives de 5 à 7 mm de diamètre).

Piège CONETRAP (Probodelt)

Une variante commerciale existe en Espagne, via la société PROBODELT . La société est spécialisée dans les pièges de toute sortes et dans les attractifs alimentaires pour les pièges. Nous recommandons le piège CONETRAP.

Ce piège fonctionne à sec, il est facile à assembler (plaques de plastique à plat autoagrafables) et à amorcer (sachets en papier poreux contenant une dose de DAP). Son couvercle transparent est muni d’un trait de pinceau de Karaté (lambda cyalothrine) représentant 7,5 mg de matière active.  L’activité du Karaté dure 6 mois.


Piège Conetrap PROBODELT ©

4 – Auxiliaires de l’oléiculteur

Le rôle des auxiliaires est développé dans une fiche séparée.




Dans les olives

Introduction

L’olivier est aussi une plante hôte de par la Mouche de l’olive qui attire les parasitoïdes qui viendront pondre dans les olives parasitées.
Nous parlerons alors de l’écosystème oliveraie et nous reviendrons sur le cycle de la mouche.

En automne

Le froid commence à se faire sentir, les larves de la mouche sortent carrément de l’olive, gavées de jus gras. Elles se laissent tomber sur le sol. Si l’oliveraie est enherbée, la lutte s’organise naturellement car l’herbe abrite des prédateurs : staphylins, carabes, acariens et … fourmis ! Tous ces carnassiers non spécialisés sont revenus avec le rééquilibrage écologique de l’oliveraie. Suivons notre ver qui émerge de l’olive et se laisse tomber au sol. Les insectes carnassiers vont pouvoir se régaler. Vite, le ver s’enterre à l’abri  et se transforme en pupe blindée. Les fournis vont l’entraîner dans leur fourmilière et la dévorer.
Les parasitoÏdes vont hiverner dans les plante hôtes et leurs galles. Ces plantes hôtes auront été plantées et regroupées en ilots ainsi qu’à la périphérie de l’oliveraie.

Au printemps

Avec le retour des beaux jours, les mouches vont émerger de leurs pupes (les rescapées) et tenter de gagner l’air en s’envolant. Les araignées chasseuses les attendent au coin d’une touffe d’herbe. Les petits passereaux, de jour et les pipistrelles, au crépuscule, vont donner la chasse aux mouches.
Jean Lecomte a photographié des fourmis capturant une mouche à son émergence d’une olive ou pénétrant dans une galerie pour l’extraire et la décapiter. A tout les stades de leur développement; les mouches sont attaquées. Les parasitoïdes vont pouvoir attaquer les larves dans leur galerie.
L’action des pièges alimentaires vient compléter celle des auxiliaires et faire baisser la pression de la mouche.

Pas de pesticides

Les parasitoïdes ont pratiquement été éradiqués par les pesticides alors que j’ai publié un article montrant que la mouche est capable de résister aux plus violent et même de s’en nourrir. Pourquoi et comment ?
Les insectes dont une partie du cycle biologique se passe dans la terre ont un stock de bactéries symbiotes qui ont acquis une résistance aux pesticides qui ont contaminé ces sols. Ces bactéries savent décomposer le pesticide, le dégrader et s’en nourrissent. Hébergées par les larves d’insectes qui ont séjourné dans le sol, ces bactéries protègent leur insecte hôte. Celà a été démontré au Japon pour la punaise du Soja (Riptortus pedestris) et nous supposons qu’il en va de même pour Bactrocera dont une partie du cycle larvaire se passe dans le sol, quand l’asticot s’enterre. Il a été constaté que la résistance aux pesticides de la mouche de l’olive ne cessait d’augmenter ! Conclusion, le passage dans le sol lui fournit des symbiotes blindés, comme pour la Punaise du soja !




La pyrale du Jasmin sur l’Olivier

Introduction

La Pyrale du Jasmin, ou Palpita (=Margaronia) unionalis Hubner, est un Papillon (un Lépidoptère) de la famille des Crambidae,

Elle est indigène dans le bassin méditerranéen. La chenille se nourrit des jeunes feuilles d’olivier, à la pointe de rameaux.

Les chenilles s’en prennent aussi aux autres Oléacées : Jasmin (Jasminum fruticans), Troëne (Ligustrum sp.), le Frène (Fraxinus sp.), Forsythia, Buis (Buxus sempervirens), …. L’arbousier (Arbutus unedo) est également attaqué. Les dégâts peuvent être importants sur les jeunes plants d’oliviers.

1 – Morphologie

Cet insecte se présente sous deux formes : un papillon et une chenille.

1.1 – Le papillon (forme adulte ou imago)

Les adultes sont des papillons blancs de 2,5 à 3 cm d’envergure, la forme est triangulaire au repos (posé sur un support). Il i a deux paires d’ailes, transparentes, les antérieures sont bordées de brun avec 2 points noirs situés au milieu.

1.2 – La chrysalide (forme intermédiaire ou nymphe)

La chrysalide (forme intermédiaire entre l’adulte et la chenille) mesure 12 à 16 mm de long, 3 à 4 mm de large. Elle est de couleur brune, l’enveloppe est finement rugueuse.

1.3 La chenille (forme larvaire)

La chenille possède une tête de couleur jaunâtre et un corps vert. Elle possède 3 paires de petites soies disposées latéralement sur chaque segment. Au dernier stade de croissance, la chenille mesure de 18 à 20 mm de long.

1.4 Les oeufs

Les oeufs sont blancs, de forme ovale, aplatis et finement réticulés. Ils mesurent 1 mm de long et 0,5 mm de large.

2 – Biologie – Cycle

Il est absolument primordial de bien comprendre la biologie de l’insecte afin de le combattre.

Les adultes émergent des chrysalides au début du printemps. Ils sont de mœurs crépusculaires.

L’accouplement a lieu dès le 2e jour, après une parade nuptiale de 4 à 6 heures.

Les femelles pondent environ 600 oeufs, isolés ou en groupes de 3 à 5 sur les deux faces des feuilles, principalement le long de la nervure principale. Les oeufs écolsent au bout de 3 à 20 jours.

Les chenilles vont se nourrir pendant 18 à 25 jours, sur les jeunes feuilles à l’extrémité des rameaux, décapant la surface puis en découpant le limbe.

A l’issue du nourrissage, la chenille construit sous la face inférieure d’une feuille un abri de fils de soie, réunissant 2 à 3 feuilles, s’installant dans l’abri ainsi formé et commencent la transformation en chrysalide. Il en sortira un papillon.

La Pyrale de l’Olivier (ou du Jasmin) développe 2 à 4 générations par an et passe l’hiver au stade de chenille.

3 – Symptômes et lutte

3.1 – Symptôme et diagnostic

Les dégâts causés par les chenilles deviennent importants dans les jeunes plantations ou sur des jeunes greffes (rameaux de 1 à 3 ans).

Les larves de 1er stade décapent le parenchyme de la face inférieure des feuilles (tissus tendre). Plus âgées, elles découpent les feuilles mais peuvent aussi s’attaquer aux bourgeons terminaux.

Les chenilles de 2e stade s’attaquent aux olives en formation, les rongeant parfois jusqu’au noyau.

3.2 – Moyens de lutte

Il convient de faciliter le ré-équilibrage écologique des oliveraies pour le retour des insectes parasitoïdes qui ont une action importante sur la Pyrale. Nous préconisons aussi l’emploi de substances extraites de la nature comme les produits à base de bacille de Thuringe. Cette lutte se fait essentiellement contre les chenilles, le bacille bloquant leur nutrition.

3.2.1 – Lutte biologique

Les traitements se font à base d’une solution aqueuse de bacille de Thuringe (Bacillus thurigiensis), produit conforme aux principes de la lutte raisonnée et admis dans le cahier des charges de l’agriculture biologique.

3.2.2 – Lutte chimique

Nous ne recommandons pas ce type de lutte réservé aux titulaires du Certiphyto. Voyez le site de l’AFIDOL.

3.3 – Autres insectes voisins

Nous ciblons ici des pyrales et des chenilles d’autres papillons :

  • la Pyrale du Buis,
  • la Teigne de l’Olivier,

Cette fiche est largement inspirée de celles publiées par l’AFIDOL et par le FREDON-Corse.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles




L’Asphodèle ramifié

Illustration : Wikipedia.

Introduction

La laitue des vignes (Lactuca viminea) est classée en premier par Jean Lecomte en raison du grand nombre de parasitoïdes qu’elle héberge (Cliquez ce lien).

C’est une plante de la famille des Astéracées (autrefois appelées Composées). C’est une palnte bisannuelle à vivace. On la trouve dans les friches xérophiles. Il est vain de la chercher dans les vignes où les pratiques culturales n’ont pas laissé grand chose que des cailloux nus. Les autres espèces de Laitues sauvages n’hébergent pratiquement pas de parasitoïdes.

Les galles sont dûes principalement à un petit insecte de la famille des Cynipidaea, Timaspis phoenixopodos.qui pond dans les jeunes pousses de Lactuca.

Parasitoïdes hébergés

Dans les tiges

Euritomidae

Les Eurytoma timidaspis émergent des galles des tiges ainsi que les Euyrytoma martelli. Au départ, ce sont des Cynipidés qui ont pondu dans les tiges, provoquant les galles. Les larves des Cynips servent de nourriture aux Euritomidés.

Eupelmidae

Les Eupelmidés dont Euplemus confusus vont pondre dans les galles des tiges mais aussi dans les calices des fleurs parasitées. Les nouveaux Eupelmus qui émergent des galles vont aller s’intéresser aux olives parasitées par la Mouche de l’Olive et vont pondre dans ces olives.

Ils vont aussi pondre dans les inflorescences de laitues parasitées. L’intérêt est qu’ils vons ensuite s’intéresser aux olives parasitées et contribuent à la destruction des larves de Bactrocera.

Dans les inflorescences

Tephritidae

Les fleurs de Lactica sont réunies en inflorescences. Ces fleurs serrées, en tubes, abritent des larves de mouches téphritiées. Elles sont nombreuses : Capititis, Tephritis, Hypenidum, Ersina, …

Parasites des mouches Tephritadae

Les mouches Tephritidae comprennent la Mouche de l’Olive (Bactrocera oleae) mais aussi toute une série de cousines plus ou moins nuisibles pour certains fruits domestiques dont la Mouche des Fruits (Ceratitis capitata). Ces moucherons sont de la même famille que la mouche de l’olive, elles sont aussi attirées par les pièges à attractif alimentaire, on ne peut faire autrement. Les pontes des téphritidées attirent les eupelmus dont les descendants iront dans les oliviers pondre dans les olives parasitées.

D’après Jean Lecomte “Lutter naturellement contre la mouche de l’Olive .- Edisud, 2015.




Piège à mouches Téphritidées

Introduction au piègeage


Piège OLIPE 1.2 terminé et accroché (Oliveraie Gervais, Claret, 2017)

L’utilisation de pièges est écologique et son efficacité est contestée par tous ceux qui veulent des résultats immédiats et déversent des pesticides sur leurs oliveraies.

La fabrication d’un piège à mouches de l’olive (ou à mouche des fruits) est une opération simple. Le modèle que nous vous proposons de confectionner vous-même est le piège à attractif alimentaire connu sous le nom de piège OLIPE © (mis au point en Espagne par la Cooperativa Olivarera Los Pedroches, province de Cordoue). Ce piège a été utilisé dans de grandes oliveraies pour une action massive. Le prix de revient de ce piège est de quelques centimes d’euros. Le modèle original a été amélioré par l’introduction d’un apport coloré, le jaune et le déplacement des trous d’entrée destinés aux insectes.

 C’est la version 1.2 car il y en a eu des précédentes sans couleur jaune. Celle-ci est très efficace comme nous allons le voir ci-après.

1 – Principes de fonctionnement

Le fonctionnement repose sur trois principes :

  • l’attraction visuelle due à la couleur jaune dont l’effet agit sur la mouche de l’olive dans un rayon d’environ 300 m (action à distance, cette couleur agit aussi sur des mouches d’espèces voisines comme la mouche méditerranéenne des fruits.),
  • l’attraction olfactive simulant une source de protéines qui amène l’insecte prédateur à entrer dans le piège par des trous de 5 mm de diamètre (odeurs d’ammoniaque ou de charognes en putréfaction),
  • une enceinte constituée par une bouteille d’eaux minérales en PVC récupérée après consommation du contenu, munie de son bouchon (le plastique doit être sans aucune coloration, notamment le bleu qui éloigne les mouches par répulsion). La bouteille est percée à mi-hauteur de trous de 5 mm de diamètre (ce diamètre doit éviter l’entrée d’autres insectes carnivores, auxiliaires utiles comme Chrysoperla carnea). La coloration verte ou jaune de certains bouteilles teintées dans la masse, est un atout).

Enlever les étiquettes des bouteilles.

2 – Etapes de la construction

2.1 – Perçage de la bouteille

Prendre un clou ou une tige métallique pointue de 5 mm de diamètre emmanchée ou tenue par une pince étau. La chauffer à l’aide d’une lampe à souder sans la faire rougir. A mi hauteur de la bouteille, percer tout autour cinq trous de 5 mm de diamètre.

2.2 – Coloration jaune

Découper dans des rouleaux de plastique adhésif domestique jaune (garniture de placards disponible dans les rayons drogueries des super-marchés) des bandes de 10 cm de hauteur et de longueur la circonférence de la bouteille moins 1 cm (environ 27 cm). La bande doit laisser une bande de 1cm non recouvert qui va servir à jauger le contenu de la bouteille. La bande doit arriver en dessous de la rangée de trous. Ce procédé de collage de bandes adhésives permet le maintien de la couleur intense et la réutilisation des bouteilles plus de deux ans.

2.3 – Attractif alimentaire

L’attractif est une solution de phosphate di-ammonique (DAP), une poudre blanche cristallisée semblable à du sucre. On le trouve chez des marchands de produits pour la viticulture, c’est un additif de fermentation qui active les levures du moût. Ce produit est soluble dans l’eau, non toxique à dissoudre dans de l’eau. La dose est de 40 g par litre, soit le contenu d’une grosse cuiller à soupe pour 75 cl d’eau (une demi-bouteille d’eau minèrale). Avec un entonnoir, verser jusqu’au niveau des trous.

Nous recommandons à ceux qui ont beaucoup de pièges à amorcer de confectionnes des bidons de 5 l avec 200 g de DAP.

2.4 – Autres attractifs possible

Il existe en jardineries des attractifs guêpes- mouches à base de farines végétales et animales qui sont utilisés avec des gobe-mouches. Le remplissage des bouteilles est délicat et salit les parois de la bouteille.

Il est possible d’utiliser des déchets de poisson (sardines en particulier) ou d’uriner dans les bouteilles. Nous déconseillons ces procédés efficaces, certes, mais dont la pollution olfactive n’est plus à démontrer.

2.5 – Dispositif d’accrochage des bouteilles

Il existe des rubans textiles élastiques dans les jardineries, rubans utilisés comme liens à tout usage. Couper un morceau ce 30 cm et y faire un noeud d’arrêt à chaque extrémité et un noeud coulant autour du col de la bouteille garnie de son contenu et de son bouchon. C’est simple et efficace.

Dans l’arbre, choisir une branche du côté du vent marin (sud ou sud est). Suspendre la bouteille à 7 cm environ en faisant deux tours autour de la branche et en pinçant une boucle du lien sous un tour. Le poids de la bouteille coince la boucle. Il suffit de tirer le nœud d’arrêt pour décrocher la bouteille en vue de son entretien de son remplissage ou de son remplacement.

Certains marques d’eaux minérales ont modifié le bouchage de leurs bouteilles dont le bouchon n’est plus à vis. D’autre part, le plastique du bouchon s’affaiblit par le perçage et le fil de fer proposé risque de traverser le bouchon qui se désagrège. Le lien avec un noeud coulant est plus simple, plus solide et plus rapide à réaliser.

3 – Stratégie de pose des pièges

3.1 – Date de pose des pièges

Il est recommandé de poser les pièges avant la mi-mai au plus tard. Il peut subsister des mouches de l’an dernier qui ont hiverné et échappé à l’hiver. Les nouvelles mouches émergent des pupes vers mi-mai, la date peut varier selon la température. Les mouches recherchent activement de la nourriture pour mûrir leurs cellules reproductrices (gamète : spermatozoïdes ou ovules, selon le sexe). Nous avons publié que les mouches de l’olive se nourrissent de toutes sortes de déjections d’oiseaux sur les branches d’oliviers, de jus de fumiers frais (à éviter dans vos oliveraies). Ces substances lui fournissent l’azote et les protéines dont elle a besoin en attendant de piquer des olives (en juillet) et d’absorber le jus des olives après y avoir percé un trou et pondu. D’avril à début juillet, elle recherche toutes les sources de protéines qu’elle peut lécher. Passé juillet, les pièges sont moins attractifs.

3.2 – Emplacement des pièges

3.2.1 –  Périphérie des oliveraies

Les pièges se placent, d’abord, en périphérie des oliveraies, sur les quatre côtés mais surtout vers le sud. Il faut un piège par arbre. On doit constituer un premier barrage d’arrêt.

3.2.2 – Intérieur de la plantation

Un arbre sur deux suffit. Les observations faites en Espagne (Andalousie et Catalogne) montrent que le piégeage massif fonctionne bien dans les grandes oliveraies de plus de 5.000 arbres. Plus la taille des vergers diminue, moins le piégeage semble efficace.

3.2.3 – Arbres isolés et petites plantations

Dans le cas d’un arbre isolé, il ne faut pas hésiter à poser quatre pièges, un à chaque point cardinal.

Dans le cas de deux arbres proches (pas moins de 4 m de distance), poser 6 pièges. La partie “intérieure” pourra être dépourvue de pièges.

Dans les petites plantations, ne pas hésiter à créer une barrière externe et à garnir chaque arbre de son piège. A partir d’une centaine d’arbres, on peut garnir un arbre sur deux dans les rangées intérieures.

Cette stratégie est valable aussi pour les pièges fonctionnant à sec (piège CONETRAP de PROBODELT© ).

conetrap02.png

Piège à sec CONETRAP de PRBODELT ©

4 – Autres mouches téphritidées

L’hebdomadaire “RUSTICA (n° 2534 du 20-26 juillet 2018, page 21) traite d’un autre « volatile » (sic), la mouche méditerranéenne des fruits ou Cératite (Ceratitis capitata Wiedeman 1826) et de son piégeage à base de phosphate di-ammonique. Rustica propose de piège “InsectOsphère“. Le prix de 8 € les deux sachets de DAP nous semble exagéré. Pour ce prix là, vous avez un sachet de 1 kg en jardinerie. Garanti pur.




La cercosporiose

Une maladie cryptogamique ou fongique

La cercosporiose est provoquée par un champignon nommé Pseudocercospora cladosporioides. Il a attiré notre attention il y a environ un an lors d’une des journées techniques de l’oléiculture organisée par l’AFIDOL (re-nommée France-Olive) avec les Moulins de Pignan et de la Dentelle (Villeveyac). Elle est appelée maladie du Plomb.

Une maladie cryptogamique, ou maladie fongique, est une maladie causée à une plante par un champignon ou un autre organisme filamenteux parasite (cas des Oomycetes). Lorsque c’est un animal qui est atteint, on parle plutôt de mycose. Nous avons affaire ici à la cercosporiose de l’Olivier.

Symptômes


Feuilles atteintes

Le champignon microscopique (Pseudocercospora cladosporioïdes) a été longtemps confondu avec celui de l’Oeil-de-Paon. C’est une maladie des feuilles. Il peut toucher aussi les pétioles, les pédoncules et les olives.

En effet, en conditions favorables, il peut affecter les fruits et compromettre une récolte.

On voit apparaître sur les feuilles des taches jaunâtres qui se nécrosent. Généralement, ce sont les pointes des feuilles qui sont touchées ou les bords. La face inférieure des feuilles se couvre d’un feutrage grisâtre qui est la conséquence du développement de filaments de fructifications du champignon. D’où le nom de maladie du plomb !

Degâts

L’arbre perd ses feuilles malades. Les symptômes sur les olives sont des lésions creuses de 3 à 7 mm de couleur ocre, marron ou violacée. La pulpe a tendance à devenir de texture liégeuse.

Biologie (cycle de vie du parasite)

Le cycle a été peu étudié mais on le compare à celui de l’Oeil-de-Paon. La durée de vie et le développement dépendent principalement de l’humidité atmposphérique, de la température et de la localisation de l’oliveraie ainsi que de la nature du sol.

Les contaminations sont particulièrement sévères dans les oliveraies denses, peu aérées et dans les parties basses de la frondaison. Les feuilles malades peuvent abriter le champignon pendant de longues périodes de dormance. L’incubation peut aller de 1 à 10 mois (selon des études espagnoles). Les infestations sont principalement observées sur les vielles feuilles. L’oléiculteur doit être particulièrement vigilant quand la température commence à monter vers 21°C.

Stratégie de lutte

La taille, en aérant l’arbre, favorise l’assèchement du feuillage. i un foyer est détecté, la sévérité de la taille doit être augmentée. Il faut également éloigner rapidement les bois de taille le plus rapidement possible. La taille réduit aussi l’inoculum, à condition de pouvoir broyer rapidement les branches.

Les traitments sont ceux appliqués pour l’Oeil-de-Paon. La bouillie bordelaise est conseillée, dés la fin de l’été (AFIDOL).

Utilisation des composés à base de cuivre

La lutte préventive consiste à appliquer des composés à base de cuivre, avant que les conidies ne germent. Surveiller la température dans vos arbres. En général, 2 à 3 passges à demi-dose (moitiè de la dose maximale autorisée portée sur l’emballage du produit. Le dosage doit être de 1,25 g/hk de produit à 20% de cuivre. Il est possible de diviser par deux et d’utiliser une préparation dont le caractère adhésif est renforcé ! 125g/hl pour un pulvérisateur.

Attention : le cuivre s’accumule dans le sol ; à terme, il peut entraîner une perte de fertilité du sol, perte irrémédiable ! Limitez les apports à 2 années de traitement consécutives. Evitez de pulvériser  à la volée, visez à la lance le feuillage atteint. La qualité de l’application est couvent plus importante que la quantité.

Les titulaires du certiphyto peuvent utiliser les préparations à base de zinc (mancozèbe), avant la floraison.

Attention : le cuivre nuit à la bonne nouaison des fleurs.




Le fenouil commun sauvage

Illustration Wikipedia

Le fenouil commun sauvage, Foeniculum vulgare est une plante de la famille des Apiacées (anciennement Ombellifères). C’est une plante aromatique souvent utilisée en cuisine pour parfumer certains poissons ou les olives cassées.

Le fenouil a une variété cultivée qui développe un gros bulbe blanc comestible, très apprécié cru (en salade) ou cuit. La variété sauvage développe un court rhizome. Elle se développe le long des routes, dans les friches ou dans les oliveraies. Dans certaines friches, elle envahit tout l’espace.

Le fenouil commun fleurit en août-septembre et forme des ombelles de fleurs. Les tiges ont alors atteint prsè de 2m de hauteur.

Parasites

Les ombelles du fenouil sont visitées par un parasite dont la ponte provoque des galles. Il s’agit de Lasioptera carophila, une Cécidiomyidée. Ce parasite pond un oeuf au point d’insertion d’une ombellule, vers la fin août.

Parasitoïdes

Plusieurs parasitoïdes vont venir pondre sur les larves de la Lasioptera. ce sont des Eupelmidés, des Eulophidés, des Eurytomidés et des Torimidés. Seuls les Eupelmidés  et un Eulophidé (Pnigalio sp.) vont s’intéresser aux Bactrocera oleae, lorsqu’ils vont émerger des galles en octobre.

 




La mouche de l’olive : cycle biologique

Introduction

La mouche de l’olive est scientifiquement désignée comme Bactrocera oleae (Gmelin, 1790). Elle appartient à la famille des Tephritidae, ordre des Diptera. Une abondante littérature a été consacrée à cet insecte hautement nuisible dont les ravages ont entraîné des conséquences économiques importantes.

Ce ravageur est connu depuis l’antiquité. Il est vraisemblable qu’il a co-évolué avec le genre Olea et particulièrement l’espèce Olea europaea.


Olives provenant d’une cave de Pompéi (an 63 ac)

Je cite ici  l’histoire de l’esclave romain tué dans une cave de Pompéi par l’éruption du Vésuve. Il avait dans sa main une poignée d’olives à consommer.

Ces olives fossilisées contenaient … des larves fossilisées de Bactrocera (selon le labo du CNRS de Bordeaux consacré aux insectes des sépultures).

1 – Le contexte de l’Oliveraie

J’ai publié en 2015 un article sur la Mouche de l’Olive dans les Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault (vol. 155, année 2015) intitulé « La muche de l’olive, ses symbiotes, les pesticides et le cuivre ». Cet article a été validé par un comité de lecture scientifique dont un éminent entomolgiste, Gérard Duvallet. J’ai affirmé la résistance aux pesticides de B. olea et le rôle de ses bactéries symbiotes dans cette résistance. J’ai aussi montré comment le cuivre pouvait intervenir en contrariant les développement et la nutrition des larves à partir des travaux des chercheurs italiens (Belcari et Bobbio, Université de Florence, 1999).

La destruction de l’équilibre écologique par des traitements de pesticides durs et violents est la cause de la prolifération de la Mouche qui, de plus, grâce à ses symbiotes, se nourrit des produits de dégradation des dits pesticides. Le cuivre permettrait de stériliser la transmission des symiotes de la femelle à se descendance. Sans symbiotes, pas digestion possible de la cellulose des jeunes olives, seule nourriture de la jeune larve.

2 – Biologie et cycle du ravageur

Pourquoi parler de la biologie et du cycle du ravageur ? Parce-que la lutte contre un parasite, pour être efficace, nécessite de connaître son ennemi dans sa vie intime, afin de connaître le-les moment-s où il est le plus vulnérable. Une recette de cuisine peut n’avoir aucun effet et, au contraire, avoir des effets indésirables. Notamment celui de faciliter le développement de bactéries symbiotes résistances au pesticides qui vont “couvrir” le parasite.


Cycle de la Mouche de l’Olive

A la sortie de l’hiver, la mouche hiverne dans la terre à 4-6 cm de profondeur, sous forme de pupe (le ver, insecte imparfait a donné une nymphe dans un cocon blindé). Le cycle ci-contre (Cycle biologique de Bactrocera oleae : présentation Celia Gratraud, CTO,  2011) va nous permettre de suivre le développement du parasite.

Ce cycle commence avec l’émergence du sol des jeunes adultes qui se sont frayé un chemin jusqu’à un brin d’herbe. La mouche sèche ses ailes, les déploie et s’envole. Mâles et femelles se recherchent, s’accouplent, les femelles sont fécondées. Nous sommes vers le 13 mai. Il n’y a pas encore d’olives sur les arbres, tout juste des fleurs.

2.1 – En attente des olives

La mouche est là mais les olives seront aptes à héberger les pontes seulement à la fin de juin-début juillet. Que fait donc le parasite de mi-mai à fin juin ? Les femelles doivent mûrir leurs oeufs : 200 à 400 oeufs !.

Elles partent à la recherche de nourriture. Toue est bon : déjections d’oiseaux sur les branches, léchage des bactéries sur les rameaux, jus de fumiers dans les écuries ou étables, … Tout ce qui va apporter de quoi synthétiser des protéines. La femelle semble n’être fécondés qu’une fois, elle stocke la semence du mâle dans une spermathèque qui libérera un spermatozoïde par oeuf pondu.

C’est le moment d’offrir a ces affamés les pièges odorants qui vont les attirer et les détruire ! Nous verrons ces pièges plus loin.

2.2 – La ponte des femelles

Les olives ont enfin atteint leur taille voulue : 5 mm à 7 mm. Elles sont gorgées de sucre et commencent à produire de l’huile.


Ovipositeur de la femelle de Bactrocera oleae (crédit photo Jean Lecomte)

La femelle, ayant trouvé une olive mesurant plus de 5 à 7 mm de diamètre, se positionne sur un fruit, la tête vers le pédoncule. Elle sort son ovipositeur (photo ci-contre) et perce la peau de l’olive. Elle injecte littéralement un oeuf fécondé sous la peau de l’olive. La ponte faite, elle se retourne et lèche le jus nourrissant qui sort de la plaie de ponte (orifice créé par l’ovipositeur.

Elle marque l’olive pour ne pas y retourner mais une autre mouche peut piquer à son tour. L’oeuf va mettre 2 à 4 jours pour donner naissance à une larve qui va traverser un capuchon bactérien déposé par sa mère et avaler les précieuses bactéries symbiotes qui vont l’aider à digérer la pulpe de l’olive qu’il va ronger.

La photo ci-contre montre, très grossi, sous la peau de l’olive, un oeuf déposé, plutôt injecté, par l’ovipositeur, un véritable sabre en miniature, très efficace mais fragile. En effet, les femelles recherchent des olives à la peau fine et tendre. Les olives à peau épaisse et partiellement desséchées par la canicule ne lui conviennent pas.


Oeuf injecté par la femelle de Bactrocera oleae

La larve (ver) va mettre 10 à 15 jours pour grossir. Il va terminer sa galerie sous la peau de l’olive, laisse un mince opercule, recule et se transforme en nymphe dans un cocon, la pupe.


Jeune mouche émergeant de l’olive (credit photo Jean Lecomte)

Au bout de 14 jours, une mouche émerge de l’opercule et recommence le cycle. Ce cycle a duré environ 1 mois depuis la ponte de la femelle. Les jeunes femelles s’accouplent et le cycle reprend, sauf si la chaleur (canicule) ou la sécheresse interviennent pour incapaciter les adultes (août-septembre).

2.3 – Cycle aérien

Si la température le permet, la mouche s’accouple, la femelle pond dans une olive et un mois plus tard, il sort une nouvelle mouche. 200 oeufs = 200 mouches qui vont pondre à nouveau 200 œufs.

En septembre, la température baisse, les pluies sont là et le parasite explose littéralement. On trouve des milliers de mouches (ce fut le cas en 2015 !).

Les olives tombent au sol, le ver détecte la chute et sort de l’olive, s’enterre à quelques cm de profondeur ou sous un gravier. Il va s’empuper et hiverner jusqu’au printemps suivant.

3 – Hibernation

Nous pensons que les mouches, comme beaucoup de diptères, arrivent à survivre en se réfugiant dans des endroits abrités (souches creuses, galeries dans les murs de pierres sèches, …). Elles se mettent en stase (vie ralentie). Ces mouches ont grossi, accumulé des réserves et des bactéries symbiotes. Il leur reste des ovules non-pondus. Elles vont pouvoir pondre à la fin du printemps suivant, dans des olives ou des fruits d’oléacées ?

En conclusion, comment lutter ?

En lisant l’ouvrage de mon ami et collègue Jean LECOMTE Ingénieur de recherches du CNRS et photographe scientifique hors-pair. Je recommande son ouvrage « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive » (Edisud, 2015). Je le remercie de son travail remarquable.

Voyez l’article sur les vulnérabilités de la mouche de l’olive.




La dalmaticose

Introduction

La dalmaticose est une maladie des plantes provoquée par un champignon phytopathogène, le Camarosporium dalmaticum (synonymes : Sphaeropsis dalmatica, Macrophoma oleae, Macrophoma dalmatica) sur les fruits de l’Olea europaea (Olivier d’Europe). 


Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte©

La maladie a été aussi désignée comme Cécidomyie de l’olivier (Prolasioptera berlesiana, ne pas confondre avec la Cécidomye des écorces de l’Olivier Resseliella oleisuga Targioni-Tozzetti). L’AFIDOL et le Centre technique de l’Olivier (CTO-Aix) désignent maintenant cette maladie sous le nom de dalmaticose. En Espagne, on l’appelle « El escudete ». En effet, on distingue sur le fruit atteint une sorte de dessin en forme d’écu (bouclier, escudo en espagnol)

Ci-dessus (Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte ©) montre une olive atteinte.

1 – Agent pathogène

Camarosporium dalmaticum s’attaque exclusivement aux olives. L’agent d’infestation est la conidie du champignon (une conidiospore). Comme bon nombre de champignons parasites phytopathogènes (oïdium, etc), celui-ci produit des pycnides sphériques de couleur noire qui contiennent des conidies unicellulaires. Ces dernières germent dans une goutte d’eau et développent chacune un filament (mycélium). Ce filament pénètre entre deux cellules de la cuticule. Si celle-ci est épaisse et cireuse, comme dans l’olive, l’orifice d’une lenticelle va faciliter la pénétration et l’envahissement des tissus du fruit. Ceci est d’autant plus facile que le fruit est gorgé d’eau par la montée de sève provoquée par les pluies d’été, les lenticelles sont béantes. La conjonction chaleur-humidité est bien connue dans le monde de la recherche sur les mycoses (maladies mycologiques à champignons phytopathogènes).

Sur l’origine probable du parasite C. dalmaticum, nous renvoyons le lecteur vers l’ouvrage de Jean Lecomte (2015, pp. 161-169) sur la corrélation de l’apparition des infestations  avec les tornades survenues dans le sud algérien et les fait rapportés par :

  • le quotidien Midi-Libre du 30 septembre 2014,
  • le journal algérien « Liberté » relatant les tornades survenues le 14 juin 2014 près d’El-Esnam (oliviers déracinés),
  • les observations du satellite Eumelsat (3 avril 2014).

Il est probable que les conidies ont voyagé depuis le Sahara, dans la haute atmosphère, pour retomber avec les poussières jaunes des pluies observées dans nos régions. Les phyto-biologistes savent que les spores de bactéries et champignons, ici les conidies issues des pycnides, ont une résistance étonnante et connue.

Les infestations de dalmaticose dans le Gard constatées cet été 2018 peuvent provenir de nouvelles retombées lors des pluies de printemps ou de conidies ayant séjourné dans le sol des oliveraies.

2- Symptômes

Sur les olives, le champignon envahit les tissus autour de la cavité de dépôt des conidies et s’enfonce jusqu’au noyau du fruit. Il se forme, à l’extérieur, une aire nécrosée d’un cm de diamètre, l’écusson, de couleur brun-noirâtre, déprimée, parsemée de petits points noirs. Au centre de la lésion, apparaissent des points noirs, les pycnides. Les olives atteintes sont déshydratées, rugueuses et se momifient. Elles vont tomber de manière précoce ou rester suspendues par un pédoncule desséché. Ces olives ainsi atteintes ne sont plus commercialisables, spécialement celles destinées à la conserverie de table et leur trituration pour l’huile est problématique. Le rendement est faible, l’huile a une acidité forte.

L’infection est favorisée par la présence des blessures du fruit et elle a été corrélée avec la présence de Prolasioptera berlesiana (Cécidiomye de l’olive), parasitoïde de Bactrocera oleae (Mouche de l’Olive), bien que la dalmaticose puisse être observée sans les dégâts de ces insectes.

 


Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO

La photo ci-contre (Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO) montre des olives attaquées sur la plantation de l’Auteur. Comment un verger sain a pu subitement être attaqué par la dalamticose ? L’explication donnée par Jean Lecomte colle parfaitement, les arbres sont en exposition plein sud.

N.B. : 
Une controverse nous a été opposée sur la provenance de l’infestation. Elle a été réfutée en exonérant la cécidiomye.

3 – Traitement

Le traitement est préventif en luttant contre la Mouche de l’olive mais aussi en l’absence de cette mouche, comme cet été 2018, à traiter à la bouillie bordelaise ¼ de dose dès la survenance d’une pluie importante en durée et en abondance. Selon l’AFIDOL, il n’y a aucun phytosanitaire homologué. De toutes manières, une olive touchée est impropre à tout usage, il est trop tard pour intervenir. Nous avons souligné plus haut les conditions qui favorisent le développement du champignon, en l’absence de piqûres de mouches et de sur-infestation par la Cécidomye des olives.

4 – Importance économique

La fin de la campagne oléicole 2014-2015, en France, est catastrophique. Aux piqûres de la Mouche de l’Olive s’ajoute la pourriture brune des olives lesquelles se dessèchent et sont impropres à la conserverie comme à l’huilerie (tache noire importante, acidité trop forte de l’huile).

On nous signale d’importants dégât en fin d’été 2018 dans le Gard.

5 – Sources

5.1 – Webographie

5.2 – Bibliographie

  • E. Kieffer, M. Morelet et G.L. Hennebert, Les deutéromycètes : classification et cles d’identification génériques, Paris, INRA, 1997 (ISBN 2-7380-07295ISSN 1150-3564)
  • (es) N. Gonzalez, E. Vargas-Osuna et A. Trapero, « El Escudete de la aceituna I : Biologia y daños en olivares de la provincia de Sevilla », Bot. San. Veg. Plagas, no 32,‎ juil.-août-sept. 2006, p. 709-722
  • Robin Margier, Jacques Artaud et Christian Pinatel, « Cécidomyie de l’olive et ses dégâts : la Dalmaticose », Le Nouvel Olivier, no 97,‎ juil.-août-sept. 2014, p. 26-31
  • J. Lecomte, « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive », Le choix durable édisud, mars 2015, 216 p.

 


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


vice-Président Confrérie des Chevaliers de l’Olivier LR-Occitanie




Psyttalia et co.

Introduction : 17 juillet et septembre 2008


Lâcher de Psyttalia à Claret

Les Psyttalia (ou Opius, anciennement) sont une famille d’Hyménoptères, les Braconidés. Ce sont des parasitoïdes endoparasites dont  Psyttalia concolor et P. lounsbury s’attaquent à la Mouche de l’Olive (Bactrocera oleae). Ce sont des Psyttalia lounsbury qui ont été lâchés dans mon oliveraie de Claret, ma première expérience grâce à l’INRA de Valbonne.

Les Psyttalia (17/07/2008) ont été amenés dans des tubes en carton qui ont été accrochés dans l’arbre témoin.

L’image ci-contre montre le bord du tube qui a servi à les transporter dans l’arbre de ma plantation à Claret (vue très agrandie). Il est 9h00 du matin, ils se réchauffent avant de prendre leur envol..

1 – Localisation

Psyttalia concolor était localisé en France, en région méditerranéenne. Il était lié à une plante hôte, le Câprier (Capparis spinosa). La plante hôte a plus ou moins disparu en région méditerranéenne française, victime du gel de 1956 et de diverses destructions de son habitat (les murs en pierres sèches). D’autres plantes hôtes sont susceptibles d’abriter un parasite qui sera ciblé par le Psyttalia :

  • le jujubier parasité par Carpomya incompleta,
  • le câprier parasité par Capparimya savastri (mouche de la Câpre),
  • le lyciet parasité par Ceratitis capitata (mouche des fruits).

1.1 Expérimentations

Des expérimentations ont eu lieu à l’INRA pour la réintroduction de cet auxilaires mais semblent abandonnées. En Italie, l’emploi de cet auxilaire en lutte biologique remonte au début du XXe siècle. Des populations indigènes de Psyttalia concolor seraient localisées au Maroc, dans la région du Sousse (Agadir) où les hôtes seraient l’Arganier et le jujubier (Zizyphus lotus).

L’INRA (Valbonne) a préféré utiliser un autre auxiliaire, Psyttalia lounsbury originaire de Tanzanie et du nord de l’Afrique du sud.

1.2 Résultats

Une expérimentation a été menée en 2008, dans la région méditerranéenne française. L’oiveraie Gimilio de Claret a été un des points de lâcher de ces insectes (18/07/2007). Un an après, seul une station située en Corse s’est révèlée productive, les insectes se sont maintenus et multipliés.

1.3 Retombées

Une des recommandations de l’équipe de Valbonne a été d’introduire dans l’oliveraie l’Inule visqueuse, comme plante susceptible de favoriser les psyttalias. Des essais de plantation de câpriers se sont soldés par des échecs.

En relation avec le GRAB (Avignon), j’ai poursuivi les recherches sur l’Inule et noué une coopération avec Jean Lecomte.

2 – Les recherches privées sur les auxiliaires

En 2008, constatant l’échec des lâchers de P. lounsbury, je commence à m’intéresser aux plantes hébergeant des auxilaires. Parallèlement, Jean Lecomte poursuit ses investigations dans une région, celle des Albères (jouxtant Banyuls) où  les friches et les vignes abandonnées recèlent des trésors en insectes et plantes de toutes sortes. Il en tirera son livre0

3 – Le Groupe de Recherches en Agriculture Biologique

Le Groupe de Recherches en Agriculture Biologique sera un des points de départ pour la recherche et la promotion de l’Inule visqueuse. François Warlopp sera un correspondant qui nous fournira toutes des informations, notamment la possibilité de traduire en français et de publier un article de Franco Sol Mican qui expérimente en Andalousie.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Cadre technique supérieur de la Recherche (IR-CNRS ER)
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles

P.S. : l’introduction des Psyttalias lounsbury a été un échec, sauf en Corse. Les causes n’ont pas été clairement déterminées. Nous somme d’avis que « point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Avec mon ami et collègue Jean Lecomte, avec nos petits moyens, nous avons persévéré. Dans la lutte biologique et la culture sans pesticides chimiques.