La cercosporiose

Une maladie cryptogamique ou fongique

La cercosporiose est provoquée par un champignon nommé Pseudocercospora cladosporioides. Il a attiré notre attention il y a environ un an lors d’une des journées techniques de l’oléiculture organisée par l’AFIDOL (re-nommée France-Olive) avec les Moulins de Pignan et de la Dentelle (Villeveyac). Elle est appelée maladie du Plomb.

Une maladie cryptogamique, ou maladie fongique, est une maladie causée à une plante par un champignon ou un autre organisme filamenteux parasite (cas des Oomycetes). Lorsque c’est un animal qui est atteint, on parle plutôt de mycose. Nous avons affaire ici à la cercosporiose de l’Olivier.

Symptômes


Feuilles atteintes

Le champignon microscopique (Pseudocercospora cladosporioïdes) a été longtemps confondu avec celui de l’Oeil-de-Paon. C’est une maladie des feuilles. Il peut toucher aussi les pétioles, les pédoncules et les olives.

En effet, en conditions favorables, il peut affecter les fruits et compromettre une récolte.

On voit apparaître sur les feuilles des taches jaunâtres qui se nécrosent. Généralement, ce sont les pointes des feuilles qui sont touchées ou les bords. La face inférieure des feuilles se couvre d’un feutrage grisâtre qui est la conséquence du développement de filaments de fructifications du champignon. D’où le nom de maladie du plomb !

Degâts

L’arbre perd ses feuilles malades. Les symptômes sur les olives sont des lésions creuses de 3 à 7 mm de couleur ocre, marron ou violacée. La pulpe a tendance à devenir de texture liégeuse.

Biologie (cycle de vie du parasite)

Le cycle a été peu étudié mais on le compare à celui de l’Oeil-de-Paon. La durée de vie et le développement dépendent principalement de l’humidité atmposphérique, de la température et de la localisation de l’oliveraie ainsi que de la nature du sol.

Les contaminations sont particulièrement sévères dans les oliveraies denses, peu aérées et dans les parties basses de la frondaison. Les feuilles malades peuvent abriter le champignon pendant de longues périodes de dormance. L’incubation peut aller de 1 à 10 mois (selon des études espagnoles). Les infestations sont principalement observées sur les vielles feuilles. L’oléiculteur doit être particulièrement vigilant quand la température commence à monter vers 21°C.

Stratégie de lutte

La taille, en aérant l’arbre, favorise l’assèchement du feuillage. i un foyer est détecté, la sévérité de la taille doit être augmentée. Il faut également éloigner rapidement les bois de taille le plus rapidement possible. La taille réduit aussi l’inoculum, à condition de pouvoir broyer rapidement les branches.

Les traitments sont ceux appliqués pour l’Oeil-de-Paon. La bouillie bordelaise est conseillée, dés la fin de l’été (AFIDOL).

Utilisation des composés à base de cuivre

La lutte préventive consiste à appliquer des composés à base de cuivre, avant que les conidies ne germent. Surveiller la température dans vos arbres. En général, 2 à 3 passges à demi-dose (moitiè de la dose maximale autorisée portée sur l’emballage du produit. Le dosage doit être de 1,25 g/hk de produit à 20% de cuivre. Il est possible de diviser par deux et d’utiliser une préparation dont le caractère adhésif est renforcé ! 125g/hl pour un pulvérisateur.

Attention : le cuivre s’accumule dans le sol ; à terme, il peut entraîner une perte de fertilité du sol, perte irrémédiable ! Limitez les apports à 2 années de traitement consécutives. Evitez de pulvériser  à la volée, visez à la lance le feuillage atteint. La qualité de l’application est couvent plus importante que la quantité.

Les titulaires du certiphyto peuvent utiliser les préparations à base de zinc (mancozèbe), avant la floraison.

Attention : le cuivre nuit à la bonne nouaison des fleurs.




La verticilliose


Arbre atteint (photo AFIDOL)

Introduction

La verticilliose est un des rares champignons microscopiques qui menace la vie des oliviers. En effet, un arbre atteint meurt peu à peu, se desséchant branche après branche.

Les symptômes

Des rameaux sont atteints de desséchement. Ce phénomène peut toucher quelques branches ou tout l’arbre, suivant l’étendue de l’atteinte. Dans la majorité des cas, l’arbre meurt.

Les causes

La cause est un champignon ascomycète le Verticillium dahliae. Ce champignon est présent dans de nombreux sols où il est hébergé pas des plantes d’espèces variées (amarantes, solanées diverses, morelle, chénopode, …) dites plantes vecteurs. Ces plantes ne semblent pas être affectées par le parasite. Le champignon se conservant dans le sol, attention aux antécédents et à l’histoire de la parcelle.

Facteurs favorisant la maladie

  • hydromorphie (humidité persistante dans le sol dûe à un mauvais drainage),
  • températures douces comprises entre 20 à 30 °C.
  • chevelu racinaire de l’olivier, proche de la surface et endommagé par le travail du sol (attention aux fraises des motoculteurs),
  • présence de solanacées avant la plantation ou autour des oliviers (morelle, pommes de terre, tomates, piments, aubergines, …).

Actions

Drainage du sol, arrêt du travail du sol et des apports d’engrais.

Elagage des branches atteintes, fruits, feuillages desséchés et incinération.

Plantation d’oliviers résistants. Ça existe, comme existent les oliviers sensibles à la maladie (source AFIDOL-France Olive). :

  • Moncita,
  • Tanche (olive de Nyons)
  • Verdale des Bouches du Rhône
  • Colombale
  • Lucques
  • Verdale de Millas
  • Arboussanne
  • Ascolana
  • Leccino
  • Picual
  • Cornicabra
  • Arbéquine

Un remède de papet : le cuivre étant bactéricide et fongicide, il est possible de combattre la maladie en plantant des clous de cuivre tout autour de la base du tronc de l’olivier. A essayer.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles




La dalmaticose

Introduction

La dalmaticose est une maladie des plantes provoquée par un champignon phytopathogène, le Camarosporium dalmaticum (synonymes : Sphaeropsis dalmatica, Macrophoma oleae, Macrophoma dalmatica) sur les fruits de l’Olea europaea (Olivier d’Europe). 


Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte©

La maladie a été aussi désignée comme Cécidomyie de l’olivier (Prolasioptera berlesiana, ne pas confondre avec la Cécidomye des écorces de l’Olivier Resseliella oleisuga Targioni-Tozzetti). L’AFIDOL et le Centre technique de l’Olivier (CTO-Aix) désignent maintenant cette maladie sous le nom de dalmaticose. En Espagne, on l’appelle « El escudete ». En effet, on distingue sur le fruit atteint une sorte de dessin en forme d’écu (bouclier, escudo en espagnol)

Ci-dessus (Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte ©) montre une olive atteinte.

1 – Agent pathogène

Camarosporium dalmaticum s’attaque exclusivement aux olives. L’agent d’infestation est la conidie du champignon (une conidiospore). Comme bon nombre de champignons parasites phytopathogènes (oïdium, etc), celui-ci produit des pycnides sphériques de couleur noire qui contiennent des conidies unicellulaires. Ces dernières germent dans une goutte d’eau et développent chacune un filament (mycélium). Ce filament pénètre entre deux cellules de la cuticule. Si celle-ci est épaisse et cireuse, comme dans l’olive, l’orifice d’une lenticelle va faciliter la pénétration et l’envahissement des tissus du fruit. Ceci est d’autant plus facile que le fruit est gorgé d’eau par la montée de sève provoquée par les pluies d’été, les lenticelles sont béantes. La conjonction chaleur-humidité est bien connue dans le monde de la recherche sur les mycoses (maladies mycologiques à champignons phytopathogènes).

Sur l’origine probable du parasite C. dalmaticum, nous renvoyons le lecteur vers l’ouvrage de Jean Lecomte (2015, pp. 161-169) sur la corrélation de l’apparition des infestations  avec les tornades survenues dans le sud algérien et les fait rapportés par :

  • le quotidien Midi-Libre du 30 septembre 2014,
  • le journal algérien « Liberté » relatant les tornades survenues le 14 juin 2014 près d’El-Esnam (oliviers déracinés),
  • les observations du satellite Eumelsat (3 avril 2014).

Il est probable que les conidies ont voyagé depuis le Sahara, dans la haute atmosphère, pour retomber avec les poussières jaunes des pluies observées dans nos régions. Les phyto-biologistes savent que les spores de bactéries et champignons, ici les conidies issues des pycnides, ont une résistance étonnante et connue.

Les infestations de dalmaticose dans le Gard constatées cet été 2018 peuvent provenir de nouvelles retombées lors des pluies de printemps ou de conidies ayant séjourné dans le sol des oliveraies.

2- Symptômes

Sur les olives, le champignon envahit les tissus autour de la cavité de dépôt des conidies et s’enfonce jusqu’au noyau du fruit. Il se forme, à l’extérieur, une aire nécrosée d’un cm de diamètre, l’écusson, de couleur brun-noirâtre, déprimée, parsemée de petits points noirs. Au centre de la lésion, apparaissent des points noirs, les pycnides. Les olives atteintes sont déshydratées, rugueuses et se momifient. Elles vont tomber de manière précoce ou rester suspendues par un pédoncule desséché. Ces olives ainsi atteintes ne sont plus commercialisables, spécialement celles destinées à la conserverie de table et leur trituration pour l’huile est problématique. Le rendement est faible, l’huile a une acidité forte.

L’infection est favorisée par la présence des blessures du fruit et elle a été corrélée avec la présence de Prolasioptera berlesiana (Cécidiomye de l’olive), parasitoïde de Bactrocera oleae (Mouche de l’Olive), bien que la dalmaticose puisse être observée sans les dégâts de ces insectes.

 


Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO

La photo ci-contre (Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO) montre des olives attaquées sur la plantation de l’Auteur. Comment un verger sain a pu subitement être attaqué par la dalamticose ? L’explication donnée par Jean Lecomte colle parfaitement, les arbres sont en exposition plein sud.

N.B. : 
Une controverse nous a été opposée sur la provenance de l’infestation. Elle a été réfutée en exonérant la cécidiomye.

3 – Traitement

Le traitement est préventif en luttant contre la Mouche de l’olive mais aussi en l’absence de cette mouche, comme cet été 2018, à traiter à la bouillie bordelaise ¼ de dose dès la survenance d’une pluie importante en durée et en abondance. Selon l’AFIDOL, il n’y a aucun phytosanitaire homologué. De toutes manières, une olive touchée est impropre à tout usage, il est trop tard pour intervenir. Nous avons souligné plus haut les conditions qui favorisent le développement du champignon, en l’absence de piqûres de mouches et de sur-infestation par la Cécidomye des olives.

4 – Importance économique

La fin de la campagne oléicole 2014-2015, en France, est catastrophique. Aux piqûres de la Mouche de l’Olive s’ajoute la pourriture brune des olives lesquelles se dessèchent et sont impropres à la conserverie comme à l’huilerie (tache noire importante, acidité trop forte de l’huile).

On nous signale d’importants dégât en fin d’été 2018 dans le Gard.

5 – Sources

5.1 – Webographie

5.2 – Bibliographie

  • E. Kieffer, M. Morelet et G.L. Hennebert, Les deutéromycètes : classification et cles d’identification génériques, Paris, INRA, 1997 (ISBN 2-7380-07295ISSN 1150-3564)
  • (es) N. Gonzalez, E. Vargas-Osuna et A. Trapero, « El Escudete de la aceituna I : Biologia y daños en olivares de la provincia de Sevilla », Bot. San. Veg. Plagas, no 32,‎ juil.-août-sept. 2006, p. 709-722
  • Robin Margier, Jacques Artaud et Christian Pinatel, « Cécidomyie de l’olive et ses dégâts : la Dalmaticose », Le Nouvel Olivier, no 97,‎ juil.-août-sept. 2014, p. 26-31
  • J. Lecomte, « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive », Le choix durable édisud, mars 2015, 216 p.

 


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


vice-Président Confrérie des Chevaliers de l’Olivier LR-Occitanie




L’oeuil de Paon

Introduction

La maladie fongique de l’Œuil-de-Paon s’observe essentiellement sur les feuilles de l’olivier. 

Symptômes

 

Feuilles atteintes

La maladie se traduit par des taches circulaires et 2 à 10 mm de diamètre rappelant le dessin des ocelles d’une grande plume de paon. L’attaque peut aussi se porter sur les olives qui se dessèchent, se rident et tombent prématurément. Il y atteinte directe à la récolte. L’attaque se traduit par une importante chute de feuilles, massive, qui entraîne du retard à la maturité des fruits, la machine chlorophyllienne (les feuilles) ne fonctionne plus. L’arbre n’est plus alimenté.

Ceci entraîne du retard à la maturité des fruits et un affaiblissement de l’arbre. 

Il y a atteinte indirecte à la récolte par diminution de la productivité.

Biologie du ravageur (cycle de vie)

Le champignon responsable est le Fusicladium oleagineum (ancien nom Spilocaea oleagineum)..Quand la température commence à monter (vers 16°C) et qu’il y a apport d’eau (pluie, brouillards, rosée, …), les spores du champignon germent et un filamant mycélien penètre dans la feuille en quelques heures : c’est l’iinoculation (ou contamination). Si la température se maintien, les taches peuvent apparaître. Si la temérature baisse en-dessous de 01°C ou dépasse 25°C, le champignon est ralenti, voire stoppé : il incube, cette incubation peut durer 3 mois, le champignons bénéficie de la sève de la feuille, indépendamment de l’humidité de l’air.

L’apparition des taches correspond à la fructification du champignon, lémission des conidiophores hors de la feuille. Les conidiophores portent les spores appelées conidies. Elles se dispersent et propagent l’infestation sur les feuilles voisines.

Facteurs favorisant l’infestation

Le manque d’aération de l’arbre maintient une certaine humidité ambiante, un confinement favorable. Les irrigations tardives, surtout par aspersion et les vergers enherbés favorisent l’infestation. Dans ce dernier cas, il faut tailler l’herbe très ras et aérer sous l’arbre.

Certaines variétés (cultivars) sont sensibles à la maladie (nous donnons les principales variétés) :

  • Tanche,
  • Aglandau,
  • Amellau,
  • Cailletier,
  • Lucal (olive Lucques),
  • Picholin (olive Picholine),
  • Salonenc,
  • Verdalet (verdale de l’Hérault),

Reportez vous aux ouvrages de Natahlie Moutier et al. « Identification et caractérisation des variétés d’Olivier cultivées en France (2004 et 2011, Editions Naturalia Publications).

Lutte contre l’Oeuil de paon

Il convient toujours de prévenir plutôt que guérir. Dés que le taux d’infestation atteint 10% des feuilles, il convient d’agir.

La prophylaxie (prévention)

En verger enherbé, tondez régulièrement l’herbe sous les arbres de façon à aérér le dessous et éviter la condensation de la rosée.

Taillez vos arbres chaque année, une taille d’éclaircissement « RMC » (ce qui rentre, ce qui monte, ce qui croise). Supprimez les parties les plus contaminées.

Utilisation des composés à base de cuivre

La lutte préventive consiste à appliquer des composés à base de cuivre, avant que les conidies ne germent. Surveiller la température dans vos arbres. En général, 2 à 3 passages à demi-dose (moitiè de la dose maximale autorisée portée sur l’emballage du produit. Le dosage doit être de 1,25 g/hk de produit à 20% de cuivre. Il est possible de diviser par deux et d’utiliser une préparation dont le caractère adhésif est renforcé ! 125g/hl pour un pulvérisateur.

Attention : le cuivre s’accumule dans le sol ; à terme, il peut entraîner une perte de fertilité du sol, perte irrémédiable ! Limitez les apports à 2 années de traitement consécutives. Evitez de pulvériser  à la volée, visez à la lance le feuillage atteint. La qualité de l’application est souvent plus importante que la quantité.

Les titulaires du certiphyto peuvent utiliser les préparations à base de zinc (mancozèbe), avant la floraison.

Attention : le cuivre nuit à la bonne nouaison des fleurs.