Controverse sur les auxiliaires

En mettant en forme les articles transférés depuis l’ancien site, nous avons voulu faire le point sur l’opinion de France-Olive sur le sujet des auxiliaires. Nous vous livrons le texte que nous avons découvert. Cliquez ce lien vers France-Olive.

L’interprofession qui a succèdé à l’AFIDOL est le reflet d’une minorité de gros producteurs d’olives, lesquels sont des partisans acharnés de la phytopharmacie et de ses produits. Ici, à Oléasecours, nous sommes pour l’agriculture raisonnée et le rétablissement des équilibres naturels écologiques au sein d’une oliveraie avec la protection des auxiliaires. Un travail de longue haleine pour passer d’un sol nu à un sol enherbé abritant des auxiliaires.

Récemment, à l’occasion de notre participation à l’assemblée générale de l’UPPO34 le 14 mars 2022 à Gignac, un technicien est venu faire un exposé sur les règles d’emploi des produits phytosanitaires. Nous avons été frappés par le manque total de préconisation de la biologie du principale ravageur, la mouche de l’olive. Les préconisations sont surtout des recettes de cuisine ! Notamment sur la Mouche de l’Olive.

Les déclarations sur le piègeage destructif des mouches de l’olive ont été nettement agressives et désagréables. Il faut connaître le cycle biologique du ravageur que l’on veut connaître, comme la Mouche de l’Olive. Ensuite, le traitement envisagé sera pertinent.

Par exemple, si on opte pour le traitement des récoltes à l’argile, il convient de savoir pourquoi l’argile perturbe la ponte des femelles mais ne les élimine pas.

Raymond GIMILIO
Oléiculteur à Claret
Docteur en sciences biologiques mention écologie
Diplômé d’études supérieures de botanique




La mouche de l’olive : auxiliaires

Introduction

Les partisans du tout pesticide en agriculture, particulièrement en oléiculture, ignorent ou font semblant d’ignorer que la lutte contre la mouche de l’olive passe par le rétablissement de l’équilibre écologique d’une oliveraie. Le sol nu, résultat de multiples traitements aux désherbants chimiques n’abrite plus rien. Plus d’herbe ! Des cailloux qui poussent de plus en plus d’une années sur l’autre.

Auxiliaires liés à l’enherbement permanent

Coléoptères

L’enherbement permanent permet le retour des auxiliaires, le sol vit, s’enrichit en humus, les insectes carnassiers (carabiques, staphylins, …) fouissent le sol et chassent les pupes de la mouche. Ce sont des auxiliaires opportunistes.


Carabes (SHHNH, collection)


Carabe dévoreur


Staphylin (timbre poste)

Le staphylin est aussi très actif, un affreux insecte noir dont on a fait un timbre poste.

Araignées chasseuses

Toutes les araignées ne tissent pas de toiles. De petites araignées chasseuses vivent dans l’herbe au pied des oliviers. Lorsque la jeune mouche émerge du sol sous la frondaison où elle a hiverné, les petites araignées guettent et chassent en sautant sur leur proie.

L’image ci-contre montre une araignée chasseuse (Evarchia falcata) face à une mouche Téphritidée (voisine de Bactrocera).

Ces araignées sauteuses et rapides à la course abondent dans l’herbe printanière du mois de mai quand les mouches émergent du sol.


Evarchia falcata

Auxiliaires opportunistes

Guêpes et Frelons

Les guêpes et les frelons sont des auxiliaires précieux, un peu piquants mais carnassiers actifs. Malheureusement ces insectes ont mauvaise réputation. La guêpe poliste doit être isolée dans l’oliveraie (placer quelques briques creuses, entourez de grillage afin d’empêcher les enfants d’approcher à moins de 1 à 2 mètres des nids.


Guêpe poliste sur son nid

La photo ci-contre montre une guêpe poliste sur son nid sur une branche. Il convient de favoriser l’installation des nids de ces insectes en disposant des vielles tôles dans un coin de l’oliveraie très ensoleillé et entouré de clôtures empêchant des enfants ou des adultes non-avertis.

Ces chasseuses ont besoin de capturer des mouches pour nourrir leurs larves. Prévoir des traitements par pommades en cas de piqûres (voir votre pharmacien). Une application de purée de tomates diminue considérablement la douleur des piqûres.

Les insectivores volants crépusculaires

Les chauve-souris sont des insectivores très actifs. Leurs gîtes ne sont  pas très éloignés de nos oliveraies, généralement dans des cavernes ou dans des granges. La pipistrelle sort chasser peu avant la tombée de la nuit, au moment où les mouches sortent de leur léthargie, à la fraîche. Les pipistrelles font une consommation active de mouches de l’olive.

A suivre !




Dans les olives

Introduction

L’olivier est aussi une plante hôte de par la Mouche de l’olive qui attire les parasitoïdes qui viendront pondre dans les olives parasitées.
Nous parlerons alors de l’écosystème oliveraie et nous reviendrons sur le cycle de la mouche.

En automne

Le froid commence à se faire sentir, les larves de la mouche sortent carrément de l’olive, gavées de jus gras. Elles se laissent tomber sur le sol. Si l’oliveraie est enherbée, la lutte s’organise naturellement car l’herbe abrite des prédateurs : staphylins, carabes, acariens et … fourmis ! Tous ces carnassiers non spécialisés sont revenus avec le rééquilibrage écologique de l’oliveraie. Suivons notre ver qui émerge de l’olive et se laisse tomber au sol. Les insectes carnassiers vont pouvoir se régaler. Vite, le ver s’enterre à l’abri  et se transforme en pupe blindée. Les fournis vont l’entraîner dans leur fourmilière et la dévorer.
Les parasitoÏdes vont hiverner dans les plante hôtes et leurs galles. Ces plantes hôtes auront été plantées et regroupées en ilots ainsi qu’à la périphérie de l’oliveraie.

Au printemps

Avec le retour des beaux jours, les mouches vont émerger de leurs pupes (les rescapées) et tenter de gagner l’air en s’envolant. Les araignées chasseuses les attendent au coin d’une touffe d’herbe. Les petits passereaux, de jour et les pipistrelles, au crépuscule, vont donner la chasse aux mouches.
Jean Lecomte a photographié des fourmis capturant une mouche à son émergence d’une olive ou pénétrant dans une galerie pour l’extraire et la décapiter. A tout les stades de leur développement; les mouches sont attaquées. Les parasitoïdes vont pouvoir attaquer les larves dans leur galerie.
L’action des pièges alimentaires vient compléter celle des auxiliaires et faire baisser la pression de la mouche.

Pas de pesticides

Les parasitoïdes ont pratiquement été éradiqués par les pesticides alors que j’ai publié un article montrant que la mouche est capable de résister aux plus violent et même de s’en nourrir. Pourquoi et comment ?
Les insectes dont une partie du cycle biologique se passe dans la terre ont un stock de bactéries symbiotes qui ont acquis une résistance aux pesticides qui ont contaminé ces sols. Ces bactéries savent décomposer le pesticide, le dégrader et s’en nourrissent. Hébergées par les larves d’insectes qui ont séjourné dans le sol, ces bactéries protègent leur insecte hôte. Celà a été démontré au Japon pour la punaise du Soja (Riptortus pedestris) et nous supposons qu’il en va de même pour Bactrocera dont une partie du cycle larvaire se passe dans le sol, quand l’asticot s’enterre. Il a été constaté que la résistance aux pesticides de la mouche de l’olive ne cessait d’augmenter ! Conclusion, le passage dans le sol lui fournit des symbiotes blindés, comme pour la Punaise du soja !




Les inules


Inule en début de printemps
Illustration Wikipedia

Introduction

Les Inules (genre Inula) appartiennent à la famille des Astéracées (ex Composées). Ce sont, en général, des plantes vivaces. L’espèce qui nous intéresse est Dittrichia viscosa (L.) Greuter (1973),

Cette plante hôte à auxiliaires est classée en 4e position par Jean Lecomte, par ordre d’intérêt pour l’oléiculteur.

 En effet, elle fleurit en fin de saison, en septembre et octobre alors que les olives sont en pleine maturation et attaquées potentiellement par la mouche de l’olive.  La récolte est proche. Les larves de la mouche seront atteintes tardivement mais détruites à coup sûr quand parasitées.

Le parasite : une mouche téphritidée

La mouche Téphritidée, Myopites stylata, pond dans les capitules de l’inule vers le 15 septembre. Les oeufs développent des galles dans le réceptacle de l’inflorescence . L’action des larves transforme l’ensemble du capitule en une galle, capsule qui durcit vers la fin octobre et contient environ 5 à 6 loges occupées par une larve de Myopites.

Les parasitoïdes

Les principaux parasitoïdes qui pondent dans la galle de l’Inule sont des Eupelmidés, des Eurytomidés, des Eurytomidés et des Torymidés. Les galles constituent une véritable capsule spatiale ancrée à 1,50 m du sol où la larve du parasitoïde a dévoré celle de la Myopites. Il reste en général une à deux Myopites survivantes pour faire survivre l’espèce.

Introduction de l’Inule visqueuse

L’Inule visqueuse est considérée comme une mauvaise herbe envahissante au gré des viticulteurs qui lui ont fait une chasse impitoyable. Elle se trouve dans des friches ayant abrité des vignes, au bord des chemins.

Sur des sols riches et profonds, elle forme de grosses touffes pouvant dépasser 1,5 m de hauteur. La racine développe une grosse carotte ligneuse pouvant atteindre 30 cm de longueur.

On peut récolter des graines à l’automne tout en recherchant des galles. Les graines seront conservées en sachets de papier, au frais. Fin mars, début avril, on peut les faire germer dans des terrines, entre deux couches de papier genre sopalin.

On peut alors transplanter.

Mise en garde : il est interdit d’envoyer des graines hors de France, notamment en Australie. C’est une espèce végétale invasive !




L’Asphodèle ramifié

Illustration : Wikipedia.

Introduction

La laitue des vignes (Lactuca viminea) est classée en premier par Jean Lecomte en raison du grand nombre de parasitoïdes qu’elle héberge (Cliquez ce lien).

C’est une plante de la famille des Astéracées (autrefois appelées Composées). C’est une palnte bisannuelle à vivace. On la trouve dans les friches xérophiles. Il est vain de la chercher dans les vignes où les pratiques culturales n’ont pas laissé grand chose que des cailloux nus. Les autres espèces de Laitues sauvages n’hébergent pratiquement pas de parasitoïdes.

Les galles sont dûes principalement à un petit insecte de la famille des Cynipidaea, Timaspis phoenixopodos.qui pond dans les jeunes pousses de Lactuca.

Parasitoïdes hébergés

Dans les tiges

Euritomidae

Les Eurytoma timidaspis émergent des galles des tiges ainsi que les Euyrytoma martelli. Au départ, ce sont des Cynipidés qui ont pondu dans les tiges, provoquant les galles. Les larves des Cynips servent de nourriture aux Euritomidés.

Eupelmidae

Les Eupelmidés dont Euplemus confusus vont pondre dans les galles des tiges mais aussi dans les calices des fleurs parasitées. Les nouveaux Eupelmus qui émergent des galles vont aller s’intéresser aux olives parasitées par la Mouche de l’Olive et vont pondre dans ces olives.

Ils vont aussi pondre dans les inflorescences de laitues parasitées. L’intérêt est qu’ils vons ensuite s’intéresser aux olives parasitées et contribuent à la destruction des larves de Bactrocera.

Dans les inflorescences

Tephritidae

Les fleurs de Lactica sont réunies en inflorescences. Ces fleurs serrées, en tubes, abritent des larves de mouches téphritiées. Elles sont nombreuses : Capititis, Tephritis, Hypenidum, Ersina, …

Parasites des mouches Tephritadae

Les mouches Tephritidae comprennent la Mouche de l’Olive (Bactrocera oleae) mais aussi toute une série de cousines plus ou moins nuisibles pour certains fruits domestiques dont la Mouche des Fruits (Ceratitis capitata). Ces moucherons sont de la même famille que la mouche de l’olive, elles sont aussi attirées par les pièges à attractif alimentaire, on ne peut faire autrement. Les pontes des téphritidées attirent les eupelmus dont les descendants iront dans les oliviers pondre dans les olives parasitées.

D’après Jean Lecomte “Lutter naturellement contre la mouche de l’Olive .- Edisud, 2015.




Pansement des plaies de taille

Introduction

Il est courant lors des séances techniques de taille des oliviers de dire que les plaies résultant de la coupe des branches n’ont, en principe, pas besoin d’être mastiquées ou pansées. La taille devant se faire par temps sec, l’olivier s’auto-cautérise.

Cependant, si vous voulez absolument mettre un goudron ou un mastic, pas de «goudron de Norvége». Utilisez de l’huile de Cade, la vraie, produite à Claret (Hérault) à partir de la distillation du genévrier oxycèdre, le Cade.


Genévrier oxycèdre ou Cade

Le genèvrier oxycèdre ou cade (cliquez ce lien) est un arbre de nos garrigues.

La seule distillerie encore en service est stuée dans l’Hérault, dans mon village : Claret. Cliquez ce lien.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles




Le fenouil commun sauvage

Illustration Wikipedia

Le fenouil commun sauvage, Foeniculum vulgare est une plante de la famille des Apiacées (anciennement Ombellifères). C’est une plante aromatique souvent utilisée en cuisine pour parfumer certains poissons ou les olives cassées.

Le fenouil a une variété cultivée qui développe un gros bulbe blanc comestible, très apprécié cru (en salade) ou cuit. La variété sauvage développe un court rhizome. Elle se développe le long des routes, dans les friches ou dans les oliveraies. Dans certaines friches, elle envahit tout l’espace.

Le fenouil commun fleurit en août-septembre et forme des ombelles de fleurs. Les tiges ont alors atteint prsè de 2m de hauteur.

Parasites

Les ombelles du fenouil sont visitées par un parasite dont la ponte provoque des galles. Il s’agit de Lasioptera carophila, une Cécidiomyidée. Ce parasite pond un oeuf au point d’insertion d’une ombellule, vers la fin août.

Parasitoïdes

Plusieurs parasitoïdes vont venir pondre sur les larves de la Lasioptera. ce sont des Eupelmidés, des Eulophidés, des Eurytomidés et des Torimidés. Seuls les Eupelmidés  et un Eulophidé (Pnigalio sp.) vont s’intéresser aux Bactrocera oleae, lorsqu’ils vont émerger des galles en octobre.

 




La molène à feuilles sinuées

Illustration Wikipédia

La Molène à feuilles sinuées (Verbascum sinuatum Linné 1753) est une plante de la famille des Scrofulariacées qui pousse en milieu méditerranéen. Il ya 116 espèces de molènes qui attirent toutes sortes d’insectes parasites. Seule la Molène à feuilles sinuées est une plante hôte intéressante pour l’oléiculteur. Elle est parasitée par des charançons dont les larves attirent des parasitoïdes dont quelques espèces s’intéresseront aux larves de la mouche de l’olive.

La molène à feuilles sinuées fleurit de mai jusqu’à novembre.

Parasites

La principal parasite est un charançon (Gymnetron tetrum (Fabricius, 1792)) qui se rencontre en début de floraison. Ils se nourrissent des boutons floraux et y pondent leurs oeufs. Les larves attirent des parasitoïdes qui pondent dans les boutons parasités

Parasitoïdes

Seuls les Eupelmus confusus et Eurytoma sp.  iront ensuite sur les larves de Bactrocera.

Mouches téphritidées

Plusieurs mouches de la famille des téphritidées ont été observées dans les fleurs de molènes. Des pontes sont possibles, des pupes de Téphritidées ont été observées dans plusieurs capsules.

Plantation

Les molènes peuvent facilement être plalantées sous les oliviers, certaines y poussent spontanément.

D’après Jean Lecomte “Lutter naturellement contre la mouche de l’Olive .- Edisud, 2015.




L’enherbement permanent

Introduction

La controverse existe chez certains oléiculteurs au sujet des « mauvaises herbes » qui poussent dans leurs oliveraies.

Un tapis herbacé ?

La permanence d’un tapis herbacé dans nos oliveraies est une pratique qui s’inscrit dans le cadre de l’oléiculture raisonnée qui est une étape vers l’oléiculture biologique.
Au désherbage chimique qui laisse un sol nu s’oppose le fauchage et la tonte de l’herbe sous les arbres. Pourquoi ?
Plusieurs raisons de laisser le sol enherbé :

  1. L’enracinement superficiel de l’olivier ne retient pas la terre et un sol nu se dégrade.
  2. L’herbe ne prive pas l’olivier de ses nutriments. Lors de la tonte, les débris tombent sur le sol et enrichissent la couche d’humus, relargant les nutriments et les rendant aux radicelles de l’olivier.
  3. Les racines des herbes aèrent le sol et le rendent plus meuble en lui donnant une structure, surtout dans nos sols argileux.
  4. La couche d’humus et de feuilles tombées abrite des arthropodes carnassiers, des coléoptères (staphylins, carabes, …), des araignées chasseuses, des cloportes, des vers de terre … Ce sont des auxiliaires précieux.
  5. Le sol qui se remet à vivre avec un complexe argilo-humique qui retient les nutriments.
  6. La couverture herbacée protège le sol de l’évaporation.

Le rééquilibrage de l’oliveraie est en marche et la pression des auxiliaires, notamment sur la mouche de l’olive a des aspects bénéfiques.


Petite araignée chasseuse-sauteuse face à une mouche Téphritidée.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles




La dalmaticose

Introduction

La dalmaticose est une maladie des plantes provoquée par un champignon phytopathogène, le Camarosporium dalmaticum (synonymes : Sphaeropsis dalmatica, Macrophoma oleae, Macrophoma dalmatica) sur les fruits de l’Olea europaea (Olivier d’Europe). 


Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte©

La maladie a été aussi désignée comme Cécidomyie de l’olivier (Prolasioptera berlesiana, ne pas confondre avec la Cécidomye des écorces de l’Olivier Resseliella oleisuga Targioni-Tozzetti). L’AFIDOL et le Centre technique de l’Olivier (CTO-Aix) désignent maintenant cette maladie sous le nom de dalmaticose. En Espagne, on l’appelle « El escudete ». En effet, on distingue sur le fruit atteint une sorte de dessin en forme d’écu (bouclier, escudo en espagnol)

Ci-dessus (Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte ©) montre une olive atteinte.

1 – Agent pathogène

Camarosporium dalmaticum s’attaque exclusivement aux olives. L’agent d’infestation est la conidie du champignon (une conidiospore). Comme bon nombre de champignons parasites phytopathogènes (oïdium, etc), celui-ci produit des pycnides sphériques de couleur noire qui contiennent des conidies unicellulaires. Ces dernières germent dans une goutte d’eau et développent chacune un filament (mycélium). Ce filament pénètre entre deux cellules de la cuticule. Si celle-ci est épaisse et cireuse, comme dans l’olive, l’orifice d’une lenticelle va faciliter la pénétration et l’envahissement des tissus du fruit. Ceci est d’autant plus facile que le fruit est gorgé d’eau par la montée de sève provoquée par les pluies d’été, les lenticelles sont béantes. La conjonction chaleur-humidité est bien connue dans le monde de la recherche sur les mycoses (maladies mycologiques à champignons phytopathogènes).

Sur l’origine probable du parasite C. dalmaticum, nous renvoyons le lecteur vers l’ouvrage de Jean Lecomte (2015, pp. 161-169) sur la corrélation de l’apparition des infestations  avec les tornades survenues dans le sud algérien et les fait rapportés par :

  • le quotidien Midi-Libre du 30 septembre 2014,
  • le journal algérien « Liberté » relatant les tornades survenues le 14 juin 2014 près d’El-Esnam (oliviers déracinés),
  • les observations du satellite Eumelsat (3 avril 2014).

Il est probable que les conidies ont voyagé depuis le Sahara, dans la haute atmosphère, pour retomber avec les poussières jaunes des pluies observées dans nos régions. Les phyto-biologistes savent que les spores de bactéries et champignons, ici les conidies issues des pycnides, ont une résistance étonnante et connue.

Les infestations de dalmaticose dans le Gard constatées cet été 2018 peuvent provenir de nouvelles retombées lors des pluies de printemps ou de conidies ayant séjourné dans le sol des oliveraies.

2- Symptômes

Sur les olives, le champignon envahit les tissus autour de la cavité de dépôt des conidies et s’enfonce jusqu’au noyau du fruit. Il se forme, à l’extérieur, une aire nécrosée d’un cm de diamètre, l’écusson, de couleur brun-noirâtre, déprimée, parsemée de petits points noirs. Au centre de la lésion, apparaissent des points noirs, les pycnides. Les olives atteintes sont déshydratées, rugueuses et se momifient. Elles vont tomber de manière précoce ou rester suspendues par un pédoncule desséché. Ces olives ainsi atteintes ne sont plus commercialisables, spécialement celles destinées à la conserverie de table et leur trituration pour l’huile est problématique. Le rendement est faible, l’huile a une acidité forte.

L’infection est favorisée par la présence des blessures du fruit et elle a été corrélée avec la présence de Prolasioptera berlesiana (Cécidiomye de l’olive), parasitoïde de Bactrocera oleae (Mouche de l’Olive), bien que la dalmaticose puisse être observée sans les dégâts de ces insectes.

 


Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO

La photo ci-contre (Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO) montre des olives attaquées sur la plantation de l’Auteur. Comment un verger sain a pu subitement être attaqué par la dalamticose ? L’explication donnée par Jean Lecomte colle parfaitement, les arbres sont en exposition plein sud.

N.B. : 
Une controverse nous a été opposée sur la provenance de l’infestation. Elle a été réfutée en exonérant la cécidiomye.

3 – Traitement

Le traitement est préventif en luttant contre la Mouche de l’olive mais aussi en l’absence de cette mouche, comme cet été 2018, à traiter à la bouillie bordelaise ¼ de dose dès la survenance d’une pluie importante en durée et en abondance. Selon l’AFIDOL, il n’y a aucun phytosanitaire homologué. De toutes manières, une olive touchée est impropre à tout usage, il est trop tard pour intervenir. Nous avons souligné plus haut les conditions qui favorisent le développement du champignon, en l’absence de piqûres de mouches et de sur-infestation par la Cécidomye des olives.

4 – Importance économique

La fin de la campagne oléicole 2014-2015, en France, est catastrophique. Aux piqûres de la Mouche de l’Olive s’ajoute la pourriture brune des olives lesquelles se dessèchent et sont impropres à la conserverie comme à l’huilerie (tache noire importante, acidité trop forte de l’huile).

On nous signale d’importants dégât en fin d’été 2018 dans le Gard.

5 – Sources

5.1 – Webographie

5.2 – Bibliographie

  • E. Kieffer, M. Morelet et G.L. Hennebert, Les deutéromycètes : classification et cles d’identification génériques, Paris, INRA, 1997 (ISBN 2-7380-07295ISSN 1150-3564)
  • (es) N. Gonzalez, E. Vargas-Osuna et A. Trapero, « El Escudete de la aceituna I : Biologia y daños en olivares de la provincia de Sevilla », Bot. San. Veg. Plagas, no 32,‎ juil.-août-sept. 2006, p. 709-722
  • Robin Margier, Jacques Artaud et Christian Pinatel, « Cécidomyie de l’olive et ses dégâts : la Dalmaticose », Le Nouvel Olivier, no 97,‎ juil.-août-sept. 2014, p. 26-31
  • J. Lecomte, « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive », Le choix durable édisud, mars 2015, 216 p.

 


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


vice-Président Confrérie des Chevaliers de l’Olivier LR-Occitanie