Piège à mouches Téphritidées

Introduction au piègeage


Piège OLIPE 1.2 terminé et accroché (Oliveraie Gervais, Claret, 2017)

L’utilisation de pièges est écologique et son efficacité est contestée par tous ceux qui veulent des résultats immédiats et déversent des pesticides sur leurs oliveraies.

La fabrication d’un piège à mouches de l’olive (ou à mouche des fruits) est une opération simple. Le modèle que nous vous proposons de confectionner vous-même est le piège à attractif alimentaire connu sous le nom de piège OLIPE © (mis au point en Espagne par la Cooperativa Olivarera Los Pedroches, province de Cordoue). Ce piège a été utilisé dans de grandes oliveraies pour une action massive. Le prix de revient de ce piège est de quelques centimes d’euros. Le modèle original a été amélioré par l’introduction d’un apport coloré, le jaune et le déplacement des trous d’entrée destinés aux insectes.

 C’est la version 1.2 car il y en a eu des précédentes sans couleur jaune. Celle-ci est très efficace comme nous allons le voir ci-après.

1 – Principes de fonctionnement

Le fonctionnement repose sur trois principes :

  • l’attraction visuelle due à la couleur jaune dont l’effet agit sur la mouche de l’olive dans un rayon d’environ 300 m (action à distance, cette couleur agit aussi sur des mouches d’espèces voisines comme la mouche méditerranéenne des fruits.),
  • l’attraction olfactive simulant une source de protéines qui amène l’insecte prédateur à entrer dans le piège par des trous de 5 mm de diamètre (odeurs d’ammoniaque ou de charognes en putréfaction),
  • une enceinte constituée par une bouteille d’eaux minérales en PVC récupérée après consommation du contenu, munie de son bouchon (le plastique doit être sans aucune coloration, notamment le bleu qui éloigne les mouches par répulsion). La bouteille est percée à mi-hauteur de trous de 5 mm de diamètre (ce diamètre doit éviter l’entrée d’autres insectes carnivores, auxiliaires utiles comme Chrysoperla carnea). La coloration verte ou jaune de certains bouteilles teintées dans la masse, est un atout).

Enlever les étiquettes des bouteilles.

2 – Etapes de la construction

2.1 – Perçage de la bouteille

Prendre un clou ou une tige métallique pointue de 5 mm de diamètre emmanchée ou tenue par une pince étau. La chauffer à l’aide d’une lampe à souder sans la faire rougir. A mi hauteur de la bouteille, percer tout autour cinq trous de 5 mm de diamètre.

2.2 – Coloration jaune

Découper dans des rouleaux de plastique adhésif domestique jaune (garniture de placards disponible dans les rayons drogueries des super-marchés) des bandes de 10 cm de hauteur et de longueur la circonférence de la bouteille moins 1 cm (environ 27 cm). La bande doit laisser une bande de 1cm non recouvert qui va servir à jauger le contenu de la bouteille. La bande doit arriver en dessous de la rangée de trous. Ce procédé de collage de bandes adhésives permet le maintien de la couleur intense et la réutilisation des bouteilles plus de deux ans.

2.3 – Attractif alimentaire

L’attractif est une solution de phosphate di-ammonique (DAP), une poudre blanche cristallisée semblable à du sucre. On le trouve chez des marchands de produits pour la viticulture, c’est un additif de fermentation qui active les levures du moût. Ce produit est soluble dans l’eau, non toxique à dissoudre dans de l’eau. La dose est de 40 g par litre, soit le contenu d’une grosse cuiller à soupe pour 75 cl d’eau (une demi-bouteille d’eau minèrale). Avec un entonnoir, verser jusqu’au niveau des trous.

Nous recommandons à ceux qui ont beaucoup de pièges à amorcer de confectionnes des bidons de 5 l avec 200 g de DAP.

2.4 – Autres attractifs possible

Il existe en jardineries des attractifs guêpes- mouches à base de farines végétales et animales qui sont utilisés avec des gobe-mouches. Le remplissage des bouteilles est délicat et salit les parois de la bouteille.

Il est possible d’utiliser des déchets de poisson (sardines en particulier) ou d’uriner dans les bouteilles. Nous déconseillons ces procédés efficaces, certes, mais dont la pollution olfactive n’est plus à démontrer.

2.5 – Dispositif d’accrochage des bouteilles

Il existe des rubans textiles élastiques dans les jardineries, rubans utilisés comme liens à tout usage. Couper un morceau ce 30 cm et y faire un noeud d’arrêt à chaque extrémité et un noeud coulant autour du col de la bouteille garnie de son contenu et de son bouchon. C’est simple et efficace.

Dans l’arbre, choisir une branche du côté du vent marin (sud ou sud est). Suspendre la bouteille à 7 cm environ en faisant deux tours autour de la branche et en pinçant une boucle du lien sous un tour. Le poids de la bouteille coince la boucle. Il suffit de tirer le nœud d’arrêt pour décrocher la bouteille en vue de son entretien de son remplissage ou de son remplacement.

Certains marques d’eaux minérales ont modifié le bouchage de leurs bouteilles dont le bouchon n’est plus à vis. D’autre part, le plastique du bouchon s’affaiblit par le perçage et le fil de fer proposé risque de traverser le bouchon qui se désagrège. Le lien avec un noeud coulant est plus simple, plus solide et plus rapide à réaliser.

3 – Stratégie de pose des pièges

3.1 – Date de pose des pièges

Il est recommandé de poser les pièges avant la mi-mai au plus tard. Il peut subsister des mouches de l’an dernier qui ont hiverné et échappé à l’hiver. Les nouvelles mouches émergent des pupes vers mi-mai, la date peut varier selon la température. Les mouches recherchent activement de la nourriture pour mûrir leurs cellules reproductrices (gamète : spermatozoïdes ou ovules, selon le sexe). Nous avons publié que les mouches de l’olive se nourrissent de toutes sortes de déjections d’oiseaux sur les branches d’oliviers, de jus de fumiers frais (à éviter dans vos oliveraies). Ces substances lui fournissent l’azote et les protéines dont elle a besoin en attendant de piquer des olives (en juillet) et d’absorber le jus des olives après y avoir percé un trou et pondu. D’avril à début juillet, elle recherche toutes les sources de protéines qu’elle peut lécher. Passé juillet, les pièges sont moins attractifs.

3.2 – Emplacement des pièges

3.2.1 –  Périphérie des oliveraies

Les pièges se placent, d’abord, en périphérie des oliveraies, sur les quatre côtés mais surtout vers le sud. Il faut un piège par arbre. On doit constituer un premier barrage d’arrêt.

3.2.2 – Intérieur de la plantation

Un arbre sur deux suffit. Les observations faites en Espagne (Andalousie et Catalogne) montrent que le piégeage massif fonctionne bien dans les grandes oliveraies de plus de 5.000 arbres. Plus la taille des vergers diminue, moins le piégeage semble efficace.

3.2.3 – Arbres isolés et petites plantations

Dans le cas d’un arbre isolé, il ne faut pas hésiter à poser quatre pièges, un à chaque point cardinal.

Dans le cas de deux arbres proches (pas moins de 4 m de distance), poser 6 pièges. La partie “intérieure” pourra être dépourvue de pièges.

Dans les petites plantations, ne pas hésiter à créer une barrière externe et à garnir chaque arbre de son piège. A partir d’une centaine d’arbres, on peut garnir un arbre sur deux dans les rangées intérieures.

Cette stratégie est valable aussi pour les pièges fonctionnant à sec (piège CONETRAP de PROBODELT© ).

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Piège à sec CONETRAP de PRBODELT ©

4 – Autres mouches téphritidées

L’hebdomadaire “RUSTICA (n° 2534 du 20-26 juillet 2018, page 21) traite d’un autre « volatile » (sic), la mouche méditerranéenne des fruits ou Cératite (Ceratitis capitata Wiedeman 1826) et de son piégeage à base de phosphate di-ammonique. Rustica propose de piège “InsectOsphère“. Le prix de 8 € les deux sachets de DAP nous semble exagéré. Pour ce prix là, vous avez un sachet de 1 kg en jardinerie. Garanti pur.




Pansement des plaies de taille

Introduction

Il est courant lors des séances techniques de taille des oliviers de dire que les plaies résultant de la coupe des branches n’ont, en principe, pas besoin d’être mastiquées ou pansées. La taille devant se faire par temps sec, l’olivier s’auto-cautérise.

Cependant, si vous voulez absolument mettre un goudron ou un mastic, pas de «goudron de Norvége». Utilisez de l’huile de Cade, la vraie, produite à Claret (Hérault) à partir de la distillation du genévrier oxycèdre, le Cade.


Genévrier oxycèdre ou Cade

Le genèvrier oxycèdre ou cade (cliquez ce lien) est un arbre de nos garrigues.

La seule distillerie encore en service est stuée dans l’Hérault, dans mon village : Claret. Cliquez ce lien.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles




La cercosporiose

Une maladie cryptogamique ou fongique

La cercosporiose est provoquée par un champignon nommé Pseudocercospora cladosporioides. Il a attiré notre attention il y a environ un an lors d’une des journées techniques de l’oléiculture organisée par l’AFIDOL (re-nommée France-Olive) avec les Moulins de Pignan et de la Dentelle (Villeveyac). Elle est appelée maladie du Plomb.

Une maladie cryptogamique, ou maladie fongique, est une maladie causée à une plante par un champignon ou un autre organisme filamenteux parasite (cas des Oomycetes). Lorsque c’est un animal qui est atteint, on parle plutôt de mycose. Nous avons affaire ici à la cercosporiose de l’Olivier.

Symptômes


Feuilles atteintes

Le champignon microscopique (Pseudocercospora cladosporioïdes) a été longtemps confondu avec celui de l’Oeil-de-Paon. C’est une maladie des feuilles. Il peut toucher aussi les pétioles, les pédoncules et les olives.

En effet, en conditions favorables, il peut affecter les fruits et compromettre une récolte.

On voit apparaître sur les feuilles des taches jaunâtres qui se nécrosent. Généralement, ce sont les pointes des feuilles qui sont touchées ou les bords. La face inférieure des feuilles se couvre d’un feutrage grisâtre qui est la conséquence du développement de filaments de fructifications du champignon. D’où le nom de maladie du plomb !

Degâts

L’arbre perd ses feuilles malades. Les symptômes sur les olives sont des lésions creuses de 3 à 7 mm de couleur ocre, marron ou violacée. La pulpe a tendance à devenir de texture liégeuse.

Biologie (cycle de vie du parasite)

Le cycle a été peu étudié mais on le compare à celui de l’Oeil-de-Paon. La durée de vie et le développement dépendent principalement de l’humidité atmposphérique, de la température et de la localisation de l’oliveraie ainsi que de la nature du sol.

Les contaminations sont particulièrement sévères dans les oliveraies denses, peu aérées et dans les parties basses de la frondaison. Les feuilles malades peuvent abriter le champignon pendant de longues périodes de dormance. L’incubation peut aller de 1 à 10 mois (selon des études espagnoles). Les infestations sont principalement observées sur les vielles feuilles. L’oléiculteur doit être particulièrement vigilant quand la température commence à monter vers 21°C.

Stratégie de lutte

La taille, en aérant l’arbre, favorise l’assèchement du feuillage. i un foyer est détecté, la sévérité de la taille doit être augmentée. Il faut également éloigner rapidement les bois de taille le plus rapidement possible. La taille réduit aussi l’inoculum, à condition de pouvoir broyer rapidement les branches.

Les traitments sont ceux appliqués pour l’Oeil-de-Paon. La bouillie bordelaise est conseillée, dés la fin de l’été (AFIDOL).

Utilisation des composés à base de cuivre

La lutte préventive consiste à appliquer des composés à base de cuivre, avant que les conidies ne germent. Surveiller la température dans vos arbres. En général, 2 à 3 passges à demi-dose (moitiè de la dose maximale autorisée portée sur l’emballage du produit. Le dosage doit être de 1,25 g/hk de produit à 20% de cuivre. Il est possible de diviser par deux et d’utiliser une préparation dont le caractère adhésif est renforcé ! 125g/hl pour un pulvérisateur.

Attention : le cuivre s’accumule dans le sol ; à terme, il peut entraîner une perte de fertilité du sol, perte irrémédiable ! Limitez les apports à 2 années de traitement consécutives. Evitez de pulvériser  à la volée, visez à la lance le feuillage atteint. La qualité de l’application est couvent plus importante que la quantité.

Les titulaires du certiphyto peuvent utiliser les préparations à base de zinc (mancozèbe), avant la floraison.

Attention : le cuivre nuit à la bonne nouaison des fleurs.




Le fenouil commun sauvage

Illustration Wikipedia

Le fenouil commun sauvage, Foeniculum vulgare est une plante de la famille des Apiacées (anciennement Ombellifères). C’est une plante aromatique souvent utilisée en cuisine pour parfumer certains poissons ou les olives cassées.

Le fenouil a une variété cultivée qui développe un gros bulbe blanc comestible, très apprécié cru (en salade) ou cuit. La variété sauvage développe un court rhizome. Elle se développe le long des routes, dans les friches ou dans les oliveraies. Dans certaines friches, elle envahit tout l’espace.

Le fenouil commun fleurit en août-septembre et forme des ombelles de fleurs. Les tiges ont alors atteint prsè de 2m de hauteur.

Parasites

Les ombelles du fenouil sont visitées par un parasite dont la ponte provoque des galles. Il s’agit de Lasioptera carophila, une Cécidiomyidée. Ce parasite pond un oeuf au point d’insertion d’une ombellule, vers la fin août.

Parasitoïdes

Plusieurs parasitoïdes vont venir pondre sur les larves de la Lasioptera. ce sont des Eupelmidés, des Eulophidés, des Eurytomidés et des Torimidés. Seuls les Eupelmidés  et un Eulophidé (Pnigalio sp.) vont s’intéresser aux Bactrocera oleae, lorsqu’ils vont émerger des galles en octobre.

 




La molène à feuilles sinuées

Illustration Wikipédia

La Molène à feuilles sinuées (Verbascum sinuatum Linné 1753) est une plante de la famille des Scrofulariacées qui pousse en milieu méditerranéen. Il ya 116 espèces de molènes qui attirent toutes sortes d’insectes parasites. Seule la Molène à feuilles sinuées est une plante hôte intéressante pour l’oléiculteur. Elle est parasitée par des charançons dont les larves attirent des parasitoïdes dont quelques espèces s’intéresseront aux larves de la mouche de l’olive.

La molène à feuilles sinuées fleurit de mai jusqu’à novembre.

Parasites

La principal parasite est un charançon (Gymnetron tetrum (Fabricius, 1792)) qui se rencontre en début de floraison. Ils se nourrissent des boutons floraux et y pondent leurs oeufs. Les larves attirent des parasitoïdes qui pondent dans les boutons parasités

Parasitoïdes

Seuls les Eupelmus confusus et Eurytoma sp.  iront ensuite sur les larves de Bactrocera.

Mouches téphritidées

Plusieurs mouches de la famille des téphritidées ont été observées dans les fleurs de molènes. Des pontes sont possibles, des pupes de Téphritidées ont été observées dans plusieurs capsules.

Plantation

Les molènes peuvent facilement être plalantées sous les oliviers, certaines y poussent spontanément.

D’après Jean Lecomte “Lutter naturellement contre la mouche de l’Olive .- Edisud, 2015.




La verticilliose


Arbre atteint (photo AFIDOL)

Introduction

La verticilliose est un des rares champignons microscopiques qui menace la vie des oliviers. En effet, un arbre atteint meurt peu à peu, se desséchant branche après branche.

Les symptômes

Des rameaux sont atteints de desséchement. Ce phénomène peut toucher quelques branches ou tout l’arbre, suivant l’étendue de l’atteinte. Dans la majorité des cas, l’arbre meurt.

Les causes

La cause est un champignon ascomycète le Verticillium dahliae. Ce champignon est présent dans de nombreux sols où il est hébergé pas des plantes d’espèces variées (amarantes, solanées diverses, morelle, chénopode, …) dites plantes vecteurs. Ces plantes ne semblent pas être affectées par le parasite. Le champignon se conservant dans le sol, attention aux antécédents et à l’histoire de la parcelle.

Facteurs favorisant la maladie

  • hydromorphie (humidité persistante dans le sol dûe à un mauvais drainage),
  • températures douces comprises entre 20 à 30 °C.
  • chevelu racinaire de l’olivier, proche de la surface et endommagé par le travail du sol (attention aux fraises des motoculteurs),
  • présence de solanacées avant la plantation ou autour des oliviers (morelle, pommes de terre, tomates, piments, aubergines, …).

Actions

Drainage du sol, arrêt du travail du sol et des apports d’engrais.

Elagage des branches atteintes, fruits, feuillages desséchés et incinération.

Plantation d’oliviers résistants. Ça existe, comme existent les oliviers sensibles à la maladie (source AFIDOL-France Olive). :

  • Moncita,
  • Tanche (olive de Nyons)
  • Verdale des Bouches du Rhône
  • Colombale
  • Lucques
  • Verdale de Millas
  • Arboussanne
  • Ascolana
  • Leccino
  • Picual
  • Cornicabra
  • Arbéquine

Un remède de papet : le cuivre étant bactéricide et fongicide, il est possible de combattre la maladie en plantant des clous de cuivre tout autour de la base du tronc de l’olivier. A essayer.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
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Xylella fastidiosa : la bactérie tueuse

Introduction

Nous résumons et commentons une note nationale ECOPHYTO de l’ANSES (sd, 1/02/2016?). .

La bactérie Xylelle fastidiosa (Well et Raju) est une bactérie qui a déclenché récemment un tapage médiatique assez considérable. Xylella; nous abrégeons, est un organisme nuisible pour de nombreux végétaux, plus connu sous le nom de Maladie de Pierce. Cette maladie a fortement affecté les vignobles californiens dans les années 1990. Elle a également touché les Citrus au Brésil vers la fin des années 1980. Cet organisme est interdit d’introduction et de dissémination, sur le papier, par décision 2014/87/UE faisant suite à son identification en Italie. L’arrêté du 31 juillet 2000 modifié instaure une luttte obligatoire de façon permanente. Car si la bactérie se moque des frontières et des textes, ceux qui sont susceptibles de la disséminer doivent faire attention. Mais de quelle bactérie s’agit-il ? Car il y a plusieurs souches de cette bactérie. Toutes n’ont pas le même pouvoir de nuisance.

Situation en Europe

La bactérie qui s’est attaquée aux oliviers, en Italie, dans les Pouilles et plus particulièrement dans la région de Lecce, a provoque le déssèchement des feuillages et le déclin rapide sur les oliviers, les lauriers-roses (Oléacée) et les chênes.

Les autorités italiennes ont immédiatement pris des mesures concernant 23.000 hectares :

  • arrachage et destruction des végétaux atteints,
  • traitements insecticides contre les insectes déclarés vecteurs (cicadelles, cercopes, …)
  • traitements herbicides,
  • surveillance intensive et mise en isolement de la zone,
  • interdiction de la circulation des végétaux ou de parties de végétaux, y compris les fruits, à l’extérieur de la zone.

Qui a introduit Xylella dans les Pouilles

Une information de Ouest-France (07/01/2016) parle de « neuf scientifiques italiens qui sont  soupçonnés d’avoir introduit, accidentellement ou non, cette bactérie …». Ces bipèdes réputés malfaisants avaient été chargés par le Ministère de l’Agriculture italien d’étudier Xylella, dans une laboraoire de l’Institut agronomique méditerranéen des Pouilles (selon le journal La Reppublica). Selon la revue Sciences et Avenir, les neufs bipèdes et un responsable du Ministère de l’Agriculture ont été mis en examen. Ils auraient ponctionné la source sur un caféier originaire du Costa-Rica pour l’étudier. La bactérie s’est retrouvé, volontairement ou involontairement, au pied des oliviers. L’instruction avance lentement, nous sommes en 2018.

Quid des oliviers français ?

Au mois d’août 2017, une vingtaine de cas avaient été détectés sur des végétaux ornementaux en Corse, à Propriano, en bordure d’un supermarché. Selon les chercheurs de l’INRA d’Angers, il s’agit d’une souche (une sous-espèce) différente de la souche fastidiosa, différente de celle qui a frappé en Italie. Selon les mêmes chercheurs « Aucune donnée ne montre que cette souche peut passer sur des plantes d’intérêt agronomique majeur, tels que les oliviers ou les agrumes. »

Un remède de papet : le cuivre étant bactéricide, il est possible de combattre la maladie en plantant des clous de cuivre tout autour de la base du tronc de l’olivier. A essayer. Nous l’avons fait.


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Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Membre du CA de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault
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La mouche de l’olive : cycle biologique

Introduction

La mouche de l’olive est scientifiquement désignée comme Bactrocera oleae (Gmelin, 1790). Elle appartient à la famille des Tephritidae, ordre des Diptera. Une abondante littérature a été consacrée à cet insecte hautement nuisible dont les ravages ont entraîné des conséquences économiques importantes.

Ce ravageur est connu depuis l’antiquité. Il est vraisemblable qu’il a co-évolué avec le genre Olea et particulièrement l’espèce Olea europaea.


Olives provenant d’une cave de Pompéi (an 63 ac)

Je cite ici  l’histoire de l’esclave romain tué dans une cave de Pompéi par l’éruption du Vésuve. Il avait dans sa main une poignée d’olives à consommer.

Ces olives fossilisées contenaient … des larves fossilisées de Bactrocera (selon le labo du CNRS de Bordeaux consacré aux insectes des sépultures).

1 – Le contexte de l’Oliveraie

J’ai publié en 2015 un article sur la Mouche de l’Olive dans les Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault (vol. 155, année 2015) intitulé « La muche de l’olive, ses symbiotes, les pesticides et le cuivre ». Cet article a été validé par un comité de lecture scientifique dont un éminent entomolgiste, Gérard Duvallet. J’ai affirmé la résistance aux pesticides de B. olea et le rôle de ses bactéries symbiotes dans cette résistance. J’ai aussi montré comment le cuivre pouvait intervenir en contrariant les développement et la nutrition des larves à partir des travaux des chercheurs italiens (Belcari et Bobbio, Université de Florence, 1999).

La destruction de l’équilibre écologique par des traitements de pesticides durs et violents est la cause de la prolifération de la Mouche qui, de plus, grâce à ses symbiotes, se nourrit des produits de dégradation des dits pesticides. Le cuivre permettrait de stériliser la transmission des symiotes de la femelle à se descendance. Sans symbiotes, pas digestion possible de la cellulose des jeunes olives, seule nourriture de la jeune larve.

2 – Biologie et cycle du ravageur

Pourquoi parler de la biologie et du cycle du ravageur ? Parce-que la lutte contre un parasite, pour être efficace, nécessite de connaître son ennemi dans sa vie intime, afin de connaître le-les moment-s où il est le plus vulnérable. Une recette de cuisine peut n’avoir aucun effet et, au contraire, avoir des effets indésirables. Notamment celui de faciliter le développement de bactéries symbiotes résistances au pesticides qui vont “couvrir” le parasite.


Cycle de la Mouche de l’Olive

A la sortie de l’hiver, la mouche hiverne dans la terre à 4-6 cm de profondeur, sous forme de pupe (le ver, insecte imparfait a donné une nymphe dans un cocon blindé). Le cycle ci-contre (Cycle biologique de Bactrocera oleae : présentation Celia Gratraud, CTO,  2011) va nous permettre de suivre le développement du parasite.

Ce cycle commence avec l’émergence du sol des jeunes adultes qui se sont frayé un chemin jusqu’à un brin d’herbe. La mouche sèche ses ailes, les déploie et s’envole. Mâles et femelles se recherchent, s’accouplent, les femelles sont fécondées. Nous sommes vers le 13 mai. Il n’y a pas encore d’olives sur les arbres, tout juste des fleurs.

2.1 – En attente des olives

La mouche est là mais les olives seront aptes à héberger les pontes seulement à la fin de juin-début juillet. Que fait donc le parasite de mi-mai à fin juin ? Les femelles doivent mûrir leurs oeufs : 200 à 400 oeufs !.

Elles partent à la recherche de nourriture. Toue est bon : déjections d’oiseaux sur les branches, léchage des bactéries sur les rameaux, jus de fumiers dans les écuries ou étables, … Tout ce qui va apporter de quoi synthétiser des protéines. La femelle semble n’être fécondés qu’une fois, elle stocke la semence du mâle dans une spermathèque qui libérera un spermatozoïde par oeuf pondu.

C’est le moment d’offrir a ces affamés les pièges odorants qui vont les attirer et les détruire ! Nous verrons ces pièges plus loin.

2.2 – La ponte des femelles

Les olives ont enfin atteint leur taille voulue : 5 mm à 7 mm. Elles sont gorgées de sucre et commencent à produire de l’huile.


Ovipositeur de la femelle de Bactrocera oleae (crédit photo Jean Lecomte)

La femelle, ayant trouvé une olive mesurant plus de 5 à 7 mm de diamètre, se positionne sur un fruit, la tête vers le pédoncule. Elle sort son ovipositeur (photo ci-contre) et perce la peau de l’olive. Elle injecte littéralement un oeuf fécondé sous la peau de l’olive. La ponte faite, elle se retourne et lèche le jus nourrissant qui sort de la plaie de ponte (orifice créé par l’ovipositeur.

Elle marque l’olive pour ne pas y retourner mais une autre mouche peut piquer à son tour. L’oeuf va mettre 2 à 4 jours pour donner naissance à une larve qui va traverser un capuchon bactérien déposé par sa mère et avaler les précieuses bactéries symbiotes qui vont l’aider à digérer la pulpe de l’olive qu’il va ronger.

La photo ci-contre montre, très grossi, sous la peau de l’olive, un oeuf déposé, plutôt injecté, par l’ovipositeur, un véritable sabre en miniature, très efficace mais fragile. En effet, les femelles recherchent des olives à la peau fine et tendre. Les olives à peau épaisse et partiellement desséchées par la canicule ne lui conviennent pas.


Oeuf injecté par la femelle de Bactrocera oleae

La larve (ver) va mettre 10 à 15 jours pour grossir. Il va terminer sa galerie sous la peau de l’olive, laisse un mince opercule, recule et se transforme en nymphe dans un cocon, la pupe.


Jeune mouche émergeant de l’olive (credit photo Jean Lecomte)

Au bout de 14 jours, une mouche émerge de l’opercule et recommence le cycle. Ce cycle a duré environ 1 mois depuis la ponte de la femelle. Les jeunes femelles s’accouplent et le cycle reprend, sauf si la chaleur (canicule) ou la sécheresse interviennent pour incapaciter les adultes (août-septembre).

2.3 – Cycle aérien

Si la température le permet, la mouche s’accouple, la femelle pond dans une olive et un mois plus tard, il sort une nouvelle mouche. 200 oeufs = 200 mouches qui vont pondre à nouveau 200 œufs.

En septembre, la température baisse, les pluies sont là et le parasite explose littéralement. On trouve des milliers de mouches (ce fut le cas en 2015 !).

Les olives tombent au sol, le ver détecte la chute et sort de l’olive, s’enterre à quelques cm de profondeur ou sous un gravier. Il va s’empuper et hiverner jusqu’au printemps suivant.

3 – Hibernation

Nous pensons que les mouches, comme beaucoup de diptères, arrivent à survivre en se réfugiant dans des endroits abrités (souches creuses, galeries dans les murs de pierres sèches, …). Elles se mettent en stase (vie ralentie). Ces mouches ont grossi, accumulé des réserves et des bactéries symbiotes. Il leur reste des ovules non-pondus. Elles vont pouvoir pondre à la fin du printemps suivant, dans des olives ou des fruits d’oléacées ?

En conclusion, comment lutter ?

En lisant l’ouvrage de mon ami et collègue Jean LECOMTE Ingénieur de recherches du CNRS et photographe scientifique hors-pair. Je recommande son ouvrage « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive » (Edisud, 2015). Je le remercie de son travail remarquable.

Voyez l’article sur les vulnérabilités de la mouche de l’olive.




Qui est le père de l’olive ?

Les test de paternité en oléiculture

La recherche de la variété donneuse du pollen qui a fécondé  l(ovule abrité dans l’ovaire de la fleur pour donner une olive : un sujet de discussions stériles chez certains scientifique, techniciens et oléiculteurs.

Quelle que soit l’espèce ou l’embranchement (végétaux ou animaux), il est prouvé que les test de paternité ne prouvent … RIEN. Ceux ci-sont interdits en France pour les êtres humains et autorisés par seulement décision de justice (cliquez ce lien).

 

Le génôme de l’Olivier

Le séquençage génétique de l’olivier est chose faite (27 juin 2016 : cliquez ce lien).

Les test de paternité chez l’olivier sont mis en cause. Lisez l’interview de Catherine Breton et André Berville.

La question qui se pose, vu le prix des analyses pour les test de paternité, est leur utilité réelle en vue d’améliorer la productivité de nos oliveraies. La connaissance des compatibilités entre les pollens et les stigmates des fleurs d’olivier nous semble la clef du problème de la productivité.


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Mécanisme de fécondation simplifié

Introduction

Coupe longitudinal schématisée d’une fleur

La floraison des oliviers est un sujet complexe qui dépend de multiples facteurs. Il peut paraître évident de dire que pour avoir des fruits, il faut des fleurs. Pour avoir des fleurs, il faut que l’induction florale se produise dans de bonnes condition, nous verrons ce problème dans un autre article, prochainement.

Voir ci-contre : d’après Histoire de l’Olivier (Moutier, Villemur et Calleja, 2012, p. 137, colorisée RG)

Les fleurs

Il convient de connaître les fleurs d’oliviers et de lever un certain nombre de croyances erronées sur les fleurs d’oliviers. Car l’olivier a deux sortes de fleurs (il faut les regarder à la loupe !) :

  • des fleurs complètes dites hermaphrodites, comportant des étamines (partie mâle) et des ovaires (partie femelle), l’ovaire fécondé correctement donnera un fruit, une olive.
  • des fleurs incomplètes ne comportant que des étamines et fournissant du pollen (fleurs staminées),.
  • des fleurs incomplètes, sans étamines.

Ces données ont été publiées par André Bervillé et Catherine Breton sur le site internet de la SHHNH.  La proportion des différents types de fleurs est une caractéristique de chaque variété (cultivar) d’olivier. Par exemple :

Exemple de répartition des types de fleurs
Cultivar

(variété)

Nbe moyen de fleurs/inflorescence Nbe de fleurs

hermaphrodites

% fleurs hermaphrodites Nbe de fleurs staminées % de fleurs staminées
Picholin 22,6 16,4 72,6 6,2 27,4
Lucal 21,8 2,7 12,4 19,1 87,6

(Extrait de Moutier, Calleja et Villemur, Histoire de l’olivier, 2012, p. 138)., appellation des cultivars conforme aux règles lexicographiques (J. Ubaud, SHHNH 155:2015)

Seules les fleurs complètes (hermaphrodites) donnent des fruits. A condition d’avoir été correctement fécondées, par du pollen.

La pollinisation des oliviers

Le pollen d’olivier est porté par le vent. Aucun insecte n’est vecteur, le pollen est très fin (20 microns). Les différentes variétés d’oliviers ne fleurissent pas en même temps. Une croyance erronée affirme que l’olivier s’auto-pollinise et que l’olivier est auto-compatible. Celà n’est que partiellement vrai. D’abord, il y a des cultivars mâles stériles comme l’Olivièral (olive Olivière) et le Lucal (olive Lucques) : il n’y a pas de production de pollen. Pour ces cultivars, il faut obligatoirement un polliniseur. Et le polliniseur (donneur) doit fleurir en même temps que le pollinisé (receveur). Mais il y a le système d’autocompatibilité de l’olivier ou auro-incompatibilité.

L’auto-incompatibilité chez l’olivier

Par principe, dans la nature, des mécanismes s’opposent à l’auto-compatibilité ou consanguinité. Chez les vègétaux,il existe différents mécanismes. Chez l’olivier, ce sont deux protéines P1 et P2 qui couvrent le stigmate et Pn (n va de 1 à 6 : P1 à P6) qui couvrent le pollen. Le pollen du donneur déclenche une réaction de rejet s’il atterrit sur le stigmate  de la même fleur. Un arbre ne produit qu’une sorte de pollen qui ne peut féconder un pistil sur le même arbre (il y a de rares exceptions). La bonne règle est d’obtenir un maximum de fécondations croisées avec un donneur (le bon polliniseur) étranger. Le modèle établi est celui dit à « 6 S-allèles »  P1 à P6. Ce modèle n’est pas admis par tous les chercheurs dont certains proposent un modèle à deux S-allèles.

Les compatibilités-incompatibilités

Grossane est R1R5 peut être fécondée par Aglandau (pollen R2), Aglandau (stigmate R2R5) ne peut recevoir Grossane (pollen R1R5). Les cultivars mâles stériles ont été étudiés et les polliniseurs sont connus et publiés.


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Docteur en Sciences biologique
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


Dégustateur CGA Paris
Produits oléicoles