La dalmaticose

Introduction

La dalmaticose est une maladie des plantes provoquée par un champignon phytopathogène, le Camarosporium dalmaticum (synonymes : Sphaeropsis dalmatica, Macrophoma oleae, Macrophoma dalmatica) sur les fruits de l’Olea europaea (Olivier d’Europe). 


Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte©

La maladie a été aussi désignée comme Cécidomyie de l’olivier (Prolasioptera berlesiana, ne pas confondre avec la Cécidomye des écorces de l’Olivier Resseliella oleisuga Targioni-Tozzetti). L’AFIDOL et le Centre technique de l’Olivier (CTO-Aix) désignent maintenant cette maladie sous le nom de dalmaticose. En Espagne, on l’appelle « El escudete ». En effet, on distingue sur le fruit atteint une sorte de dessin en forme d’écu (bouclier, escudo en espagnol)

Ci-dessus (Fig. 1 – Olive atteinte (stade final) Crédit photo Jean Lecomte ©) montre une olive atteinte.

1 – Agent pathogène

Camarosporium dalmaticum s’attaque exclusivement aux olives. L’agent d’infestation est la conidie du champignon (une conidiospore). Comme bon nombre de champignons parasites phytopathogènes (oïdium, etc), celui-ci produit des pycnides sphériques de couleur noire qui contiennent des conidies unicellulaires. Ces dernières germent dans une goutte d’eau et développent chacune un filament (mycélium). Ce filament pénètre entre deux cellules de la cuticule. Si celle-ci est épaisse et cireuse, comme dans l’olive, l’orifice d’une lenticelle va faciliter la pénétration et l’envahissement des tissus du fruit. Ceci est d’autant plus facile que le fruit est gorgé d’eau par la montée de sève provoquée par les pluies d’été, les lenticelles sont béantes. La conjonction chaleur-humidité est bien connue dans le monde de la recherche sur les mycoses (maladies mycologiques à champignons phytopathogènes).

Sur l’origine probable du parasite C. dalmaticum, nous renvoyons le lecteur vers l’ouvrage de Jean Lecomte (2015, pp. 161-169) sur la corrélation de l’apparition des infestations  avec les tornades survenues dans le sud algérien et les fait rapportés par :

  • le quotidien Midi-Libre du 30 septembre 2014,
  • le journal algérien « Liberté » relatant les tornades survenues le 14 juin 2014 près d’El-Esnam (oliviers déracinés),
  • les observations du satellite Eumelsat (3 avril 2014).

Il est probable que les conidies ont voyagé depuis le Sahara, dans la haute atmosphère, pour retomber avec les poussières jaunes des pluies observées dans nos régions. Les phyto-biologistes savent que les spores de bactéries et champignons, ici les conidies issues des pycnides, ont une résistance étonnante et connue.

Les infestations de dalmaticose dans le Gard constatées cet été 2018 peuvent provenir de nouvelles retombées lors des pluies de printemps ou de conidies ayant séjourné dans le sol des oliveraies.

2- Symptômes

Sur les olives, le champignon envahit les tissus autour de la cavité de dépôt des conidies et s’enfonce jusqu’au noyau du fruit. Il se forme, à l’extérieur, une aire nécrosée d’un cm de diamètre, l’écusson, de couleur brun-noirâtre, déprimée, parsemée de petits points noirs. Au centre de la lésion, apparaissent des points noirs, les pycnides. Les olives atteintes sont déshydratées, rugueuses et se momifient. Elles vont tomber de manière précoce ou rester suspendues par un pédoncule desséché. Ces olives ainsi atteintes ne sont plus commercialisables, spécialement celles destinées à la conserverie de table et leur trituration pour l’huile est problématique. Le rendement est faible, l’huile a une acidité forte.

L’infection est favorisée par la présence des blessures du fruit et elle a été corrélée avec la présence de Prolasioptera berlesiana (Cécidiomye de l’olive), parasitoïde de Bactrocera oleae (Mouche de l’Olive), bien que la dalmaticose puisse être observée sans les dégâts de ces insectes.

 


Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO

La photo ci-contre (Fig 2 – Olive picholine attaquée par la dalmaticose (Claret, 34270) Crédit photo R. GIMILIO) montre des olives attaquées sur la plantation de l’Auteur. Comment un verger sain a pu subitement être attaqué par la dalamticose ? L’explication donnée par Jean Lecomte colle parfaitement, les arbres sont en exposition plein sud.

N.B. : 
Une controverse nous a été opposée sur la provenance de l’infestation. Elle a été réfutée en exonérant la cécidiomye.

3 – Traitement

Le traitement est préventif en luttant contre la Mouche de l’olive mais aussi en l’absence de cette mouche, comme cet été 2018, à traiter à la bouillie bordelaise ¼ de dose dès la survenance d’une pluie importante en durée et en abondance. Selon l’AFIDOL, il n’y a aucun phytosanitaire homologué. De toutes manières, une olive touchée est impropre à tout usage, il est trop tard pour intervenir. Nous avons souligné plus haut les conditions qui favorisent le développement du champignon, en l’absence de piqûres de mouches et de sur-infestation par la Cécidomye des olives.

4 – Importance économique

La fin de la campagne oléicole 2014-2015, en France, est catastrophique. Aux piqûres de la Mouche de l’Olive s’ajoute la pourriture brune des olives lesquelles se dessèchent et sont impropres à la conserverie comme à l’huilerie (tache noire importante, acidité trop forte de l’huile).

On nous signale d’importants dégât en fin d’été 2018 dans le Gard.

5 – Sources

5.1 – Webographie

5.2 – Bibliographie

  • E. Kieffer, M. Morelet et G.L. Hennebert, Les deutéromycètes : classification et cles d’identification génériques, Paris, INRA, 1997 (ISBN 2-7380-07295ISSN 1150-3564)
  • (es) N. Gonzalez, E. Vargas-Osuna et A. Trapero, « El Escudete de la aceituna I : Biologia y daños en olivares de la provincia de Sevilla », Bot. San. Veg. Plagas, no 32,‎ juil.-août-sept. 2006, p. 709-722
  • Robin Margier, Jacques Artaud et Christian Pinatel, « Cécidomyie de l’olive et ses dégâts : la Dalmaticose », Le Nouvel Olivier, no 97,‎ juil.-août-sept. 2014, p. 26-31
  • J. Lecomte, « Lutter naturellement contre la Mouche de l’Olive », Le choix durable édisud, mars 2015, 216 p.

 


Chevalier du Mérite Agricole

Raymond GIMILIO
Consultant oléicole, Chevalier du Mérite Agricole
Oléiculteur à Claret
Membre du CA UPPO34
Majoral et Vice-Président des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc


vice-Président Confrérie des Chevaliers de l’Olivier LR-Occitanie